Toute la semaine, avant la journée internationale qui leur est consacrée ce 8 mars, le JDM vous propose de rencontrer des femmes de Mayotte. Samedi, Zily a été le coup de cœur du jury du Grand casting. Rencontre avec celle qui a osé un maoulida chengué devant le directeur de casting de The Voice.
«J’avais confiance en ce que je faisais mais je n’étais pas du tout sûre que le jury adhère à la chose. Et quand ils ont annoncé que j’étais leur coup de cœur, je n’y croyais pas !» Zily commence à peine, trois jours après la finale du Grand casting, à réaliser ce qui lui arrive. Son mélange de maoulida chengué et de Francis Cabrel a surpris et lui a permis de se démarquer. Heureuse d’être primée, elle est aussi repartie de cette aventure avec des contacts en métropole pour continuer dans la voie musicale qu’elle a choisie, un «métissage musical» entre les chants traditionnels de Mayotte et les musiques occidentales.
Zily chante depuis l’âge de 10 ans, des airs et des techniques vocales acquises avec les mamans. «Ca monte très haut, mais ce ne sont pas des aigus qui cassent les oreilles», souligne-t-elle. «Le maoulida, c’est un chant qui ne sort pas de la gorge. Il faut que ça vienne du ventre. Ce sont des poèmes, en arabe, un mélange de culturel et de religieux. Ce sont des vibes très orientales faites à la mahoraise. Et moi, j’aime bien la femme qui arrive, qui prend le micro et qui chante. C’est pas toutes les femmes qui peuvent faire ça.»
«Engagée mais pas militante»
Si elle n’a pas vraiment de modèle, Zily voue une véritable admiration à Lima Wild. «C’est elle qui a commencé à chanter en public. Elle a pris beaucoup de coups mais elle s’est battue. Un jour, elle a dit qu’ici, à Mayotte, elle avait mis sa carapace pour protéger toutes les autres femmes qui voulaient chanter. Et grâce à elle, les gens ont commencé à apprécier les voix féminines.»
Zily aussi est une battante. Très attachée à la culture mahoraise, elle est particulièrement impliquée dans la vie associative. «Je suis très ancrée. Je suis bien dans mes racines, dans ma culture. J’adore Mayotte, j’adore la France.»
De la métropole, elle a surtout connu l’Alsace où elle a fait ses études de secrétariat. «Quand je dis ça, ça fait rire, mais j’ai trouvé un côté mahorais chez les Alsaciens. Au départ, ce sont des personnes très réservées mais, finalement, les gens que j’ai rencontrés étaient très vrais. Et plus de 10 ans après, je garde encore des contacts.»
Le travail comme valeur première
Battante et bosseuse, elle sait qu’elle doit travailler, encore et toujours, pour réussir ce qu’elle entreprend. Pas une minute ne passe d’ailleurs sans qu’elle parle de «travail». «Pour moi, travailler, ça a d’abord été apprendre le français. J’adore la langue de Molière. J’avais un instituteur à qui j’avais demandé comment faire pour bien parler français. Il m’avait dit : ‘chaque fois que tu marches dans la rue et que tu trouves un bout de papier, tu le lis’. On n’avait pas de bibliothèques, pas de livres à la maison. Dès que je trouvais un petit morceau de texte, je le lisais très fort, encore et encore.»
Dans sa maison, avec son mari et ses quatre enfants, on parle indifféremment trois langues : le mahorais, le français et le malgache. «Moi je dis, un enfant, il faut lui apprendre des valeurs, il lui faut des racines. Si on sait d’où on vient, on peut savoir vraiment où on veut aller.»
Secrétaire à Jeunesse et Sport à Mayotte, Zily sait que du travail, elle devra encore beaucoup en fournir si elle veut, un jour, faire de la musique et de sa voix un métier. Elle a déjà accompagné Eliasse ou Mikidache en tant que choriste mais une scène et un public seraient, pour elle, un véritable rêve. «Je sais qu’il reste beaucoup à faire si je veux que ma musique soit écoutée par tout le monde. Je prie mon Dieu, qu’il me protège. »
RR
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