Pour accéder au dispositif LEADER, encore fallait-il créer les structures qui vont piloter les projets. Or, les Groupes d’Action Locale, ou GAL, sont sur le mode Interco, c’est à dire qu’ils impliquent une entente au delà des intérêts personnels, en faveur de celui du territoire. Donc pas facile à mettre en place. Ce qui explique cette signature tardive de ces conventions ce lundi de fin du mois de décembre 2017, quand les programmes ont commencé en 2014.
Mais cette enveloppe européenne est aussi une première pour Mayotte, et il fallait s’en approprier le fonctionnement. Alors que le territoire est couvert par 5 intercommunalités, il n’y a que 3 GAL, à l’Est, au Nord-Centre et à l’Ouest-Grand sud. Cette dernière a montré le cap en étant la première à se créer, le 28 février 2016, et son président Hafidhou Abidi Madi soulignait « le long travail de rencontres et d’échanges entre élus et technicien, entre l’Europe, l’Etat, le conseil départemental et les communes ».
Un seul échec, celui de Koungou, qui a participé au début de la démarche au sein du GAL Nord-Centre, « mais qui n’a pas souhaité poursuivre », indique la préfecture. Un départ qui n’est pas sans lien avec sa sortie de l’interco Nord qui devrait se dissoudre faute d’activité, au 31 décembre. Il faut donc mettre en avant l’action positive des autres communes, « les maires ont compris les enjeux dès le début », soulignait Sidi Mohamed, Vice-président du conseil départemental Chargé des Affaires européennes. Comme il l’expliquait, cette démarche LEADER répond à la faible structuration du département, et contribue aussi à « une stabilité territoriale » en incitant les communes à travailler ensemble « pour leurs concitoyens ».
Démarche ascendante
Cette démarche de Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie rurale (LEADER) a été initiée dans les années 90 rappelait le préfet Frédéric Veau, « pour soutenir les petits programmes de développement rural ».
Sa méthode particulière ne réside pas uniquement dans ce regroupement territorial, mais dans le large partenariat qu’elle exige, « la moitié des acteurs relève de la sphère privée qui doit permettre l’identification des projets dans une logique ‘Bottom up’ de remontée des préoccupations de terrain », et l’autre moitié d’élus.
A l’image de l’enveloppe européenne, il ne faut pas s’attendre à des sommes folles, puisque 3,5 millions d’euros, un million par territoire, sont alloués, mais qu’il va falloir consommer. A ce sujet, le préfet livrait les bons taux de programmation du fonds de structuration FEDER, 50%, et FEADER (agricole) 40%. Nous sommes moins bons sur les engagements, la consommation effective.
Valoriser les produits locaux
Des projets-pilote ont déjà été identifiés par territoire GAL, et tournent autour de la mise en valeur du savoir-faire et de l’écotourisme. A chacun sa stratégie locale cependant.
Le GAL Nord et Centre, composé des communes de Bandraboua, M’tsamboro, Acoua, M’tsangamouji et Tsingoni, présidé par Soulaimana Boura, maire de Bandraboua, soutient en particulier des actions en faveur des circuits courts, de l’agrotourisme et de la valorisation du patrimoine naturel. Concrètement, il s’agit d’achat de caisse de récoltes pour les agriculteurs de la COOPAC, l’ouverture d’un point de vente de produits agricoles locaux par l’UCOOPAM, l’équipement pour une restauration à base de produits locaux en valorisant les sous-produits de la pêche par la SARL Le Bonito, ou la réalisation d’un documentaire historique sur la cascade de Soulou.
Le GAL Ouest- Grand Sud, composé des communes de Chiconi, Ouangani, Sada, Chirongui, Bandrélé, Kani-Kéli et Bouéni, présidé par Hafidhou Abidi Madi, adjoint au maire de Bouéni, met l’accent sur la valorisation des savoir-faire et des produits locaux et la sensibilisation à l’environnement. Concrètement, il s’agit de démarrer par la création d’un guide culturel et touristique sur Chirongui et l’aménagement du musée du sel de Bandrélé. Sa chargée de projet Caroline Demange a été applaudie par les élus pour son dynamisme.
Le GAL Est Mahorais, regroupe Pamandzi, Dzaoudzi-Labattoir, Mamoudzou et Dembéni, et est présidé par Bacar Ali Boto, 1er adjoint du maire de Mamoudzou. Le caractère à la fois rural et urbain du territoire incite à développer la connaissance et la préservation des savoirs-faire, mais aussi l’accompagnement à la professionalisation et le développement du tissu économique.
Bénéficiant à 90% du fonds FEADER, ces projets sont cofinancés par le conseil départemental à hauteur de 10%, soit 350.000 euros.
Les signatures des 3 GAL donnaient à la Case Rocher de la préfecture l’image d’une Mayotte qui gagne par l’effacement des intérêts personnel au profit du développement du territoire.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie rurale
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