C’est une première à Mayotte. 18 parents, deux de Mamoudzou et un(e) pour chacune des 16 autres communes du département, ont été décorés à la Case Rocher pour l’éducation dispensée à leurs enfants.
Chaque récipiendaire avait été présélectionné par les maires des communes qui ont transmis une liste à l’UDAF, laquelle a ensuite arrêté 18 noms. Parmi eux, des parents de famille nombreuse, des pères célibataires, ou des mères ayant élevé les enfants d’une autre. Des parents d’enfants handicapés aussi.
La médaille des familles, c’est une invention française qui remonte à 1920, à l’initiative du maréchal Pétain. En cette période d’après-guerre, il fallait repeupler la France, et il a été décidé de mettre à l’honneur les femmes qui s’occupaient du foyer, et élevaient des familles nombreuses. Aujourd’hui, le sens de cette médaille a changé, ainsi que le contexte. Mais la condition préalable reste d’avoir au moins quatre enfants. Sont ensuite étudiés l’intégration sociale de ces derniers ainsi que leur scolarité, absence d’antécédents judiciaires etc. La médaille a aussi été ouverte aux hommes. Deux ont été médaillés ce mardi soir.
“On a choisi des hommes qui ont élevé leurs enfants dans la dignité et fait grandir leur famille dans l’harmonie” explique Patrick Bonfils de la Jeunesse et des Sports, organisateur de l’événement avec l’UDAF. “Ce projet a très vite accroché, se réjouit-il, il y a un besoin de reconnaissance et de valeurs. Et de prouver que l’on peut avoir beaucoup d’enfants et bien les élever.”
“La société mahoraise est en pleine évolution, les repères sont déstabilisés, complète le préfet Frédéric Veau. La parentalité constitue aujourd’hui un axe majeur des politiques publiques. Les familles peuvent avoir un rôle majeur dans la prévention de la violence” poursuit-il.
La carotte et le bâton
Et c’est finalement là tout l’intérêt de cette première remise de médaille. Il ne s’agit pas de pointer du doigt les parents quand les enfants font des bêtises, il est bon aussi de les féliciter quand tout va bien. Ce mardi, il y avait donc beaucoup de fierté pour les médaillés âgés de 37 à 91 ans. Fierté des sélectionnés, mais aussi de leurs proches. “Ma mère, c’est notre héroïne”, clame Emilie, 10 ans, au cœur d’une fratrie de 6 enfants. Sa maman, Houdhayati Mogné Mali vient alors de se voir décerner la médaille de la famille. “C’est une princesse au cœur tendre qui supporte tous nos caprices, poursuit lyriquement la fillette. Malgré tous ses engagements, elle n’a jamais oublié nos anniversaires. Tu as mérité ta médaille” conclut-elle à l’adresse de sa maman.
Autre médaille : Bacar Hadulami de Chiconi. L ‘homme coule une heureuse retraite après 32 ans comme instituteur donc 25 comme directeur d’école à Chiconi. Pour lui, le secret d’une éducation réussie, c’est de savoir manier avec justesse douceur et autorité. “Je savais jouer avec eux, mais aussi hausser la voix. J’aimais mes enfants, mais je ne le montrais pas trop.” Aujourd’hui président de la fédération mahoraise des personnes âgées et retraitées, il était récompensé pour l’éducation de ses 5 enfants, mais aussi, bien sur, pour ce qu’il a apporté aux quelque 4000 élèves qui ont fréquenté sa classe.
L’année prochaine, la même remise de médailles aura lieu, mais pourrait être organisée dans chaque commune.
Y.D.
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