C’est le blocage entre la Direction du travail et les patrons de pêche : faute de bénéficier de contrats de travail semblables à la métropole, ces derniers tombent sous le coup d’une législation plus stricte.
Ça grogne chez les pêcheurs mahorais. La saisonnalité de leur travail n’est pas prise en compte à Mayotte où n’existe pas de rôle d’équipage. «Ce rôle permet en métropole d’embarquer le marin 3 mois sur un navire, puis 2 autres mois sur un autre au gré des disponibilités», indique Régis Masséaux, président du Syndicat des pêcheurs.
Cette souplesse n’existe pas à Mayotte où la Direction du travail (Dieccte) impose alors à l’armateur de payer à ses marins 169 heures par mois, «un CDI quoi !» Or, depuis 2 mois, le mauvais temps a empêché les pêcheurs de sortir, il n’y a donc pas eu d’entrée d’argent : «en métropole, c’est la Caisse des intempéries qui prend en charge, remboursé par l’ENIM. L’ENIM, c’est la sécurité sociale des marins, qui n’est pas mise en place à Mayotte malgré l’arrivée du droit commun.
Et si les marins ne sont pas payés, c’est du hors contrat, «donc la Dieccte déclare la carte de séjour obsolète !» Car la plupart des marins sont comoriens, «et, c’est un paradoxe, ils sont renvoyés chez eux alors qu’ils ont été formés à l’Ecole d’apprentissage maritime, grâce à un financement à 80% Dieccte qui leur procure une carte de séjour de 9 mois.»
Il y a donc actuellement blocage : les patrons ne veulent pas payer 12 mois de salaires, et la Dieccte de son côté aimerait que se normalise une situation qui pourrait laisser penser que les armateurs locaux profitent d’une main d’œuvre à bon marché. «Ce qui n’est pas le cas puisque je paie mes employés au moins au SMIG et en CDD», rapporte le patron de Cap’tain Alandor.
Une solution a été évoquée par le directeur adjoint de Monique Grimaldi, directrice de la Dieccte : «celle de monter un Comité régional des pêches à l’horizon 2017, avec 30% des marins salariés». Une décision qui devrait amener les premiers rôles d’équipage sur l’île, «et pourquoi pas l’ENIM !»
Anne Perzo-Lafond
Comments are closed.