La crise au sein de l’entreprise dure depuis plus de 40 jours, et comme tout conflit de longue durée, il s’est durci. Nous avions écrit que le mouvement allait laisser des stigmates, et de chaque côté on évoque l’impossibilité de travailler de nouveau ensemble. « Et pourtant, on s’entendait vraiment bien avant, lâche un cadre, mais les personnes avec lesquelles on rigolait sont devenues méconnaissables. Ils sont capables de nous agresser lorsqu’on vient travailler ». Le lot de tout conflit social où le dialogue n’a pas été maintenu.
Malgré l’accord sur les 3 points de revendication, revalorisation de 4% d’une partie des salaires, et des primes sur objectif, et paiement des heures supplémentaires réellement effectuées, le protocole d’accord n’aura jamais été signé. En cause le risque de licenciement de certains grévistes parmi les 14 condamnés par la justice pour grève illicite. Et particulièrement dans le cadre de l’agression du directeur commercial de l’entreprise qui a déposé plainte.
Un risque qui est devenu une quasi-certitude après les violences du 13 décembre entre salariés grévistes et agents de sécurité privée. Ils seraient 19 à avoir reçu des convocations préalables au licenciement. Face aux tensions, le PDG Frédéric Lauté avait décidé de fermer l’entreprise ce 13 décembre.
Les choses ont évolué depuis, puisque ce mercredi, l’activité a repris timidement, « nous avons commencé à remettre en activité une ligne de production », nous explique-t-il. L’entreprise au chiffre d’affaire annuel de 16 millions d’euros, aurait perdu « plus de 2,5 millions d’euros, mais c’est difficile à chiffrer exactement.
Au final, le mammouth n’aura plus que la peau sur les os
Mais surtout, les grévistes ont pris un virage à 180° ce mercredi soir : « Puisque la direction souhaite licencier certains d’entre nous, nous avons décidé de faire bloc. Nous allons faire valoir nos droits individuels, pour aller ensuite chercher du travail ailleurs », nous explique tôt ce jeudi matin, Soilihi Midaïn, leader CGT Ma, seul syndicat gréviste. Ils sont 115 à avoir cessé le travail, sur les 140 que compte l’entreprise. Accusés d’avoir sacrifié une société pour la défense de quelques uns, fauteurs de trouble, ils se défendent en accusant le groupe Coca-Cola Beverages Africa (CCBA), propriétaire de Mayco d’avoir une stratégie de « dégraissage de mammouth ».
Tout en brandissant cette menace de départ collectif, « nous ne pouvons plus travailler dans cette entreprise », ils assurent avoir été contacté par la Dieccte, « avant-hier », donc mardi, pour un accord sur la poursuite des négociations, « et sans préalable d’annulation de sanction interne cette fois ». Sans nouvelle depuis. « Les collègues étaient prêts à rencontrer le directeur sans moi, selon son souhait, mais ils ont été refroidis par ses propos lors de son interview sur Kwezi FM », rapporte-t-il.
Un départ groupé dont le directeur Frédéric Lauté n’était pas informé ce jeudi matin, « vous me l’apprenez, j’attends une confirmation officielle de cette décision avant de me prononcer ». Nous l’avons interrogé sur des bruits de couloirs qui annoncent la transformation du site de production de Longoni en zone de stockage, avec fabrication des sodas dans un pays de la région : « Ce sont des rumeurs liées à la fermeture temporaire de l’entreprise. C’est l’évolution de la situation actuelle qui nous incitera ou pas à envisager une transformation de l’entreprise, mais c’est clair qu’il y a actuellement une menace sur les activités de production et de distribution. »
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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