Le quartier de Kawéni était agité ce matin à proximité de La Poste. Des jeunes ont commencé vers 6h30 à lancer des pierres contre un grand bus de ramassage à hauteur du Centre Coralium, brisant 4 de ses vitres. Le chauffeur est encore choqué: “Des élèves montaient dans le bus, quand nous avons commencé à recevoir des cailloux. Ils ont fait demi-tour, et je me suis enfui, avec les élèves qui restaient dans le véhicule”.
Boina Mohamadi assure la ligne Mamoudzou-Kawéni et Koungou-Mamoudzou, et il est aussi le directeur de Haribou Transports, membre du groupement Tama ya leo na messo”, il ne se sent pas en sécurité: “Tous les matins, je prend mon bus en me demandant ce qui va m’arriver. Le jour où un chauffeur sera touché et que tout le monde versera dans le ravin, ce sera une catastrophe!”.
Ce matin, un autre bus a été touché, “mais son chauffeur a eu tellement peur qu’il s’est enfui vers le nord alors même qu’une de ses passagères était blessée”. Parfois, c’est la route qui est barrée avec des branchages, “sans aucune raison”. Les bus vont partir en réparation, “nous n’arrivons pas à faire assurer les bus récemment immatriculés. Il faudrait au moins que la DEAL nous autorise à tourner avec des plexiglas le temps que les nouvelles vitres soient livrées, et ça peut prendre 2 à 3 mois”.
Effet papillon de Kahani
Lors de leur intervention ce lundi, les policiers ont subi les mêmes jets de pierres. « Ils ont tenté de bloquer le rond-point SFR puis d’ériger un barrage sur la nationale, nous avons du utiliser les gaz lacrymogènes pour les déloger », nous indique le commissaire Philippe Jos sur place, qui estime leur nombre à une quarantaine, « des très jeunes ».
Appelés par les policiers, les pompiers arrivent avec retard pour prendre en charge une dame qui a été blessé par une pierre.
Des pierres jonchent le sol, les jeunes ont été repoussés à l’intérieur du quartier et vers 8h15, le calme semble être revenu. L’adjoint au maire Sidi Nadjayedine, originaire du quartier ne s’explique pas cette montée soudaine de violence : « Je suis surpris par ce mouvement ».
Renseignements pris, il serait à mettre en lien avec les émeutes de vendredi dernier au lycée de Kahani. C’est en tout cas l’analyse du vice-rectorat : « Le lycée de Kahani étant en réflexion avant sa réouverture, et certains jeunes de Kawéni y étant scolarisé étant suspecté de vouloir en découdre, consigne a été donnée au transporteur Matis de ne pas effectuer de ramassage. » Certains auteurs des faits sont en tout cas bien jeunes pour être scolarisés à Kahani. L’un d’entre eux a été interpellé et placé en garde à vue.
A.P-L.
Comments are closed.