Attention, nous ne nageons pas pour autant dans la guimauve ! Car ce sont surtout les petites entreprises et les territoires en développement qui promeuvent ce type de développement économique que sont les clusters. Les grosses entreprises possédant déjà les moyens de leurs besoins, « mais elles restent néanmoins attentives à cette formule », glisse Alain Tubiana, Consultant en montage de clusters.
Il était convié, comme plusieurs acteurs économiques des iles de l’Océan Indien, par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Mayotte, dans le cadre de sa présidence de l’Union de CCI de l’Océan Indien. « C’est la première fois que nous organisons une telle manifestation régionale, rapporte Isabelle Chevreuil, la présidente de l’UCCIOI, nous le faisons dans le cadre de la déclinaison du Programme de renforcement des Capacités commerciales de l’Agence Française de Développement ».
En regardant les tablées, on jurerait que les participants sont lancés dans une partie de tarot. Elles n’ont en réalité n’ont rien d’un tripot, puisque les cartes distribuées par atelier vont symboliser une énergie d’équipe. Ainsi, Nadine Hafidou, présidente de l’Association des CCI des Outre-mer, nous expose les cartes choisies par son équipe : un cadre sur son ordinateur, des rouages, un porteur asiatiques courbé sous la charge et un magnifique coucher de soleil… le farniente après l’effort ? « Non, nous avons signifié qu’un beau travail, ambitieux, malgré les difficultés, pouvait aboutir grâce à des relations apaisées entre nous ».
Second et troisième couteau
C’est l’économiste Alfred Marshall, qui a créé au XIXème siècle le premier le concept de cluster en observant les commerçants en coutellerie de Londres : « Quand l’un d’entre eux ne pouvait satisfaire le client, il allait acheter la marchandise chez son voisin, plutôt que de le laisser partir ». L’Américain Mickael Porter l’a ensuite diffusé comme un modèle économique qui pouvait réunir des concurrents, avec des prestataires de services, ou des apporteurs de capitaux ou des chercheurs. « Par exemple, en Nouvelle Calédonie, un cluster a inventé un bac à légume en plastique qui profite à toute la profession en facilitant leurs ventes », explique Alain Tubiana.
Dans un environnement politiquement et juridiquement stable, le système accroit le profit des entreprises, incitant de nouvelles à s’installer. Il faut malgré tout un « chef », « un facilitateur qui peut être une CCI ou une organisation professionnelle ». 80% des clusters sont des associations, « histoire de capter les subventions publiques », les autres sont des sociétés.
Attention à la consanguinité !
Il y a 1.200 clusters labellisés en France, qui auront sans doute appliqué à la lettre les « 6 clefs du succès » : Intégrer suffisamment de structures, « au moins 15, sinon, vous risquez la consanguinité ! Pas facile dans les petits territoire où il faut englober les activité périphériques », porter un projet collectif par rapport eux enjeux, garder un principe de gouvernance participative, proposer une valeur ajoutée, des ressources humaines dédiées, des projets à forts impacts structurant. Le tout pour que chacun puisse s’y retrouver en matière d’accroissement du chiffre d’affaire, et/ou d’exportations de marges et d’innovation.
Des territoires comme le conseil départemental peuvent investir dans les clusters : « En favorisant l’investissement, ils permettent une création d’emplois et de richesses, facteurs de rentrées d’impôts supplémentaires. »
L’atelier se déroule sur 2 journées. Ce samedi, des travaux de groupes vont étudier les possibilités de collaborations locales et régionales. Verra-t-on éclore le très attendu cluster maritime ?
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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