La révolution du tri sélectif à Mayotte est en marche. Menée par Eco-emballages, elle a même nécessité l’invention d’un néologisme car dans la langue mahoraise, le mot « trier » n’existe pas. Jusqu’à la fin du mois d’octobre, des bennes de couleurs seront installés dans 54 points de collecte sur 16 des 17 communes : seule Bandraboua n’a pas encore répondu à l’appel (voir le calendrier par commune ).
« Après deux ans de préparation, ça devient concret » se félicite Madi Saïd, le président du SIDEVAM, le syndicat chargé du ramassage des déchets. Egalement élu à Ouangani, il a permis à sa commune d’être la première à proposer le service.
Comme partout, ces « trios » sont facilement repérables : ils sont jaunes pour recueillir les plastiques, bleus pour le métal (canettes et boites de conserve) et verts pour le verre. Mais la particularité mahoraise réside dans la vaste campagne de sensibilisation qui accompagne le lancement de l’opération. « Eco-emballages s’est donné les moyens de réussir, explique Philippe Moccand, le responsable du projet chez Eco-Emballages. Nous avons mis en place une caravane du tri qui proposera des animations à chaque nouvelle installation ».
Et comme la pédagogie doit s’installer dans la durée, dans chaque commune, des référents de village et même de quartier seront chargés d’expliquer aux habitants les bons gestes pour changer les réflexes du quotidien. Sous la houlette de l’Association Femmes Leaders et de la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), pas moins de 270 personnes relaieront le message.
Des emplois en cas de succès
A l’heure actuelle, les déchets collectés ne seront pas recyclés sur place. Une fois triés, ils seront expédiés par bateau en Asie ou en Afrique-du-Sud pour le verre. Mais si les Mahorais répondent à l’appel, les volumes pourraient permettre, à moyen terme, d’installer un centre de recyclage du verre. Vos bouteilles pourraient, par exemple, être transformées en sous-couche de bitume pour les routes de notre département. Cela permettrait également de créer de l’emploi : actuellement, seuls quelques postes chez éco-emballages et dans les entreprises qui travaillent à l’opération ont été créés. Star Mayotte, chargée de la collecte et du tri, en a créé trois qui travailleront dans le futur bâtiment en construction à Longoni.
Mayotte est quasiment le dernier département français à rejoindre le tri sélectif et la valorisation en masse de ses déchets. Seule une partie de l’immense territoire de la Guyane reste encore à la traine. Et on peut espérer qu’avec le déploiement de ce dispositif, on assiste au début d’une véritable prise de conscience sur les questions des déchets : et si Mayotte devenait une île propre ?
RR
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