Le “sport-santé” arrive progressivement à Mayotte. Cela fait plusieurs mois que les acteurs du monde sportif, en tête desquels le Cros, désigné comme animateur du réseau sport-santé-bien-être.
Ce dispositif part du constat qu’un certain nombre de pathologies peuvent être prévenues, mais aussi soignées, par la pratique d’une activité sportive régulière. Les médecins auront donc dès cette année la possibilité pour certaines pathologies de prescrire… l’adhésion à un club sportif.
Bien sur il ne s’agira pas d’aller pratiquer un sport aléatoire, ni de haut niveau. Ce dispositif se limitera à des maladies peu contraignantes en termes de pratique physique. “Le sport-santé s’adapte, explique le directeur du Cros Philippe Lemoine. Cela ne ressemblera jamais à une finale de Rolland Garros.”
Avant même d’en arriver là, il rappelle que “le simple fait d’aller chercher son pain en marchant plutôt qu’en voiture, ça fait partie du programme”. Revenant sur l’exemple du tennis, le sport-santé permettra des aménagements adaptés : terrain plus petit, filet plus bas, balles plus lentes etc.
Ensuite, deux volets essentiels sont à rappeler. D’abord les éducateurs sportifs qui se verront envoyer des patients seront formés à ces prises en charge spécifiques. Ensuite, il s’agira de ne pas mélanger les métiers des uns et des autres. “Un éducateur sportif n’a pas vocation à donner des conseils de nutrition”, précise David Hervé, conseiller en animation sportive à la DJSCS, le service d’Etat de la Jeunesse et des Sports. “Chacun son domaine”.
Ainsi, le travail des acteurs du “sport santé” se fera en partenariat étroit avec le milieu médical. “Les sportifs acceptent déjà bien le milieu médical, poursuit David Hervé. Mais l’inverse est plus compliqué. Il y a une nécessité d’échanger et de communiquer.”
En effet, on peut imaginer la charge de travail supplémentaire que cela demandera aux praticiens, mais aussi et surtout la réticence des kinésithérapeutes qui risquent de voir certains patients qui leur sont adressés pour de la gym douce, partir dans un club de sport à la place. Une option qui pourrait revenir moins cher à la collectivité. Toutefois, la DJSCS se veut rassurante sur ce point. “Les éducateurs sportifs, dans la continuité d’action, ont un rôle à jouer avec les kinés. En outre, on est sur des pathologies différentes, je pense qu’on aura d’autres bénéficiaires” explique Julien Thiria, de l’ARS.
En effet le rôle de chacun est à trouver en partie dans une classification des pathologies en quatre niveaux. Le premier rassemble des personnes sans problème de santé particulier, on est sur une pratique sportive de “bien-être”. Les niveaux 2 et 3 rassemblent notamment les affections longue durée, avec des affections causant des limitations minimes à modérées. Le sport-santé concernera ces publics-là.
Le niveau 4 en revanche réunit les pathologies à “limitation sévère” qui excluent totalement les animateurs sportifs. Le classement préconise dans ce cas “un encadrement médical exclusif”.
“La question n’est pas de prendre le travail des kinés mais de travailler ensemble” poursuit David Hervé.
Ce responsable Jeunesse et Sports précise en outre que contrairement à des soins ponctuels ou limités dans le temps, le sport santé s’inscrit “sur le long terme. On ne finance pas d’actions ponctuelles, mais tout au long de l’année, avec un public régulier. L’impact, on ne le mesurera que sur la durée”.
Le premier niveau de prise en charge devrait être effectif dès cette année, les niveaux supérieurs le seront d’ici 2021.
Y.D.
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