Depuis l’annonce par la ministre des Outre-mer le 15 mai des 53 engagements pour Mayotte et 125 actions, peu de réactions, les acteurs de la mobilisation du début d’année attendant les modalités de mise en place. Il faut dire que le ramadan et les séismes à répétition occupent largement les esprits.
L’Association des Maires de Mayotte par le biais de son président Saïd Omar Oili, donne de la voix dans un courrier adressé à Annick Girardin. Non pour critiquer, ce n’est pas un « renoncement », précise-t-il, mais dans le sens d’une « exigence de confiance quant à la réalité effective des actions et des engagements énoncés » de la part des élus locaux.
Plus concrètement, il est désormais temps pour l’AMM d’obtenir des « précisions politiques, financières et calendaires ».
Tout d’abord en matière des luttes contre la délinquance et l’immigration clandestine qui furent le fer de lance du mouvement social. Les élus demandent que le champ d’action de la future Compagnie départementale d’Intervention de la police nationale soit étendu, « à titre expérimental », à « tout ou partie de la zone gendarmerie », donc à l’ensemble de l’île. Des précisions sur les échéances, la composition et les dotations de cette CDI, sont également demandées.
Des rotations comme double peine
C’est essentiellement le domaine touchant à l’éducation qui a motivé ce courrier daté du 22 mai. Les élus font leurs comptes et en ont déduit que les 500 millions d’euros annoncés sur le quinquennat seront davantage affectés sur les opérations déjà programmées sur le secondaire, qu’« à des nouveaux moyens supplémentaires dédiés au rattrapage et à la mise à niveau du parc immobilier des établissements maternels et primaires de compétence communal. »
Pour que « le doute » soit levé, ils appellent là encore à établir « une ventilation des crédits par secteurs et par types d’opération : constructions, restructurations, mise aux normes, réfections », etc.
Car le nombre de classes en rotation ne cesse de s’accroitre faute d’établissements en nombre suffisant. Ce qui pénalise doublement les élèves, puisqu’en cas de problèmes comme les actuelles fissures dans les classes, les élèves sont carrément déscolarisés, comme c’est le cas à Koungou.
Un problème à l’échelle de l’île et de l’échec des politiques publiques qui sont mises en œuvre, qui « repose sur une inadéquation permanente entre l’offre des services et les tailles de population servies. »
Ce n’est donc pas d’un rattrapage que Mayotte a besoin, invoquent les élus, mais bien d’une anticipation « raisonnée » de sa démographie « à l’horizon d’une décennie », chiffré par l’AMM à 400.000-500.000 habitants.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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