Nous en parlons tous. Depuis plusieurs mois, la sécheresse est de toutes les conversations. Voici enfin les chiffres.
Le service mahorais de Météo France nous a reçus pour nous dévoiler le bilan de la pluviométrie des cinq derniers mois. Il couvre donc l’ensemble de la saison sèche, de mai à septembre, et sans surprise le niveau des précipitations est en dessous et parfois très éloigné des moyennes des dix dernières années (voir les données).
On distingue clairement trois zones. Le Nord-Ouest est la région qui a le moins souffert. Il a bénéficié d’averses régulières ce qui lui permet d’afficher des niveaux de pluies assez proches des données de référence. A Mtsamboro par exemple, il est tombé 175 mm d’eau soit 98% de la quantité habituelle pour la période, la commune est ainsi encore particulièrement verdoyante.
Dans le Sud-Est, en revanche, la sécheresse est intense. Kani-Keli, avec 14mm et surtout Bandrele, avec 11mm, n’ont quasiment pas été arrosées de la saison. Elles n’ont reçu respectivement que 14% et 10% de leur quota de pluie moyenne.
« 11mm de pluie à Bandrele au lieu de 105mm, ça ne représente qu’une toute petite averse en cinq mois » explique Hervé Gasc, le délégué Météo France à Mayotte. Une faiblesse spectaculaire des pluies qui explique l’état de dessèchement dans lequel se trouve la végétation.
Entre les deux, le centre de Grande-Terre connait, lui aussi, des déficits pluviométriques importants. Mamoudzou n’a reçu que 40mm d’eau au lieu de 122mm (-66% par rapport aux moyennes), à Dembeni 38mm ont été relevés contre 122mm (-68%).
« Les statistiques de la saison sèche ne reposent pas sur une grande quantité d’eau, tempère Hervé Gasc. Les variations en pourcentage peuvent être très rapidement importantes. » Pour autant, la sécheresse est réelle y compris quand les chiffres ne sont pas spectaculaires. « L’exemple de Pamandzi est intéressant. Si on regarde les chiffres, il est tombé 63mm de pluies soit 70% du niveau moyen. Mais cela tient, pour moitié, à une seule averse très importante au mois de septembre. En réalité, la sécheresse est forte là aussi car autant de pluie en si peu de temps, cela signifie que les eaux ruissellent et n’ont pas le temps d’être absorbées par les sols et la végétation. »
Une saison humide déjà peu arrosée
Le problème est que cette saison très sèche faite suite à une saison humide relativement peu arrosée. « La mousson est passée tardivement et a été très peu active, confirme Hervé Gasc. La saison humide n’a été sauvée que par des phénomènes pluvieux aux mois de mars et début avril. »
Ainsi, à Pamandzi, les neufs premiers mois de 2013 comptent logiquement parmi le bas du tableau, moins secs que le plus bas enregistré en 2009 mais quasiment trois fois moins humides que ceux de 2012.
La pluie va-t-elle finir par tomber ? « Les prévisions au-delà de quatre à cinq jours ne sont pas fiables à Mayotte, conclut Hervé Gasc. Et les prévisions saisonnières sont quasiment impossibles à établir dans notre zone de l’Océan indien faute de stations automatiques en nombre suffisant. » Seule certitude, les alizés se sont arrêtés et nous sommes bel et bien entrés dans l’intersaison.
RR
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