Mayotte avait fait ses premiers pas dans l’ADSL grâce à eux. Depuis, l’artillerie lourde de la concurrence a changé la donne commerciale de STOI qui cherche à séduire l’homme de la rue.
STOI (Société de télécommunications Océan Indien) c’était, avant 2012, la référence rapidité pour peu qu’on veuille y mettre le prix : seuls les entreprises et quelques particuliers pouvaient s’offrir le luxe de travailler en haut débit, modéré cependant, permis par une liaison satellite. Le capital de la société, entièrement mahorais, se partage à parts égales entre quatre associés, dont André Girardeau.
En avril 2012, LION 2 est arrivé en rugissant de l’internet haut débit dans les foyers mahorais grâce à la multiplication de centraux. France Telecom est aux commandes de l’arrivée de ce câble et loue de la bande passante, de la capacité, à ses concurrents, SFR et STOI, «mais par grosses tranches de 150 Méga». Les coupures du câble à répétition en Mer Rouge ou en Egypte obligent l’entreprise à racheter de nouvelles capacités d’hébergement au prix fort.
Une solution vient d’être trouvée et sera opérationnelle d’ici deux mois : elle s’appelle IP Transit, et permet, au-delà de 2 à 3 jours diminution de capacité, de proposer de nouveau un haut débit sans plomber les comptes… en attendant l’arrivée d’un second câble annoncé depuis l’Union des Comores.
Quand France Télécom se taille la part du lion
Auparavant, STOI pouvait pallier les coupures sous marines grâce au satellite. Mais face aux prix publics, bas, imposés il y a un an par ses concurrents, «inadaptés au départ, au regard du service aléatoire du haut débit rendu», STOI se voit contraint d’abandonner cette liaison satellite, deux fois plus chères que le câble et moins efficace ». La société élabore alors son propre réseau, «unique au monde à cette échelle» en utilisant un émetteur central qui envoie, depuis des pylônes, et par un système apparenté au wifi, l’ADSL vers les foyers. André Girardeau envisage d’ailleurs d’exporter la technique «notamment vers les pays africains où il est difficile de tirer des fibres optiques».
En attendant, il faut trouver de nouveaux marchés, la marque jaune ne pouvant se mesurer à des concurrents aux reins estampillés France Télécom. Tout en gardant sa clientèle, STOI se tourne, depuis 6 mois, vers les non-abonnés, «pas de ligne téléphonique, pas bancarisés, ces clients qui paient à la fin du mois nous ont permis de maintenir notre nombre de clients». Mais la stratégie commerciale se heurte à une érosion du taux de marge dès que les clients deviennent trop gourmands en téléchargement.
Internet gratuit
La nouvelle cible sera les cartes prépayées. La technique marche à Mayotte : elle avait été introduite par les bornes-fontaines pour l’eau, puis par Ankiba pour l’électricité. Mayot Spot, marque de STOI, et ses 150 points de service, permet de commercialiser le haut-débit en fonction des possibilités de chacun, « de 3€ pour 250 Mega, c’est à dire le téléchargement d’un demi-film ou une connexion d’un mois à sa boite mail, à 29€ pour 5 Giga». A titre de comparaison l’abonnement mensuel STOI est de 39€90.
Depuis samedi, l’opérateur lance même une offre gratuite de 15 minutes d’internet par jour, «1 000 personnes se sont connectées», grâce à une communication sur Facebook et par voix d’affiches. Une centaine de points de vente propose ces cartes prépayées, «et bientôt dans toutes les stations Total».
Si la stratégie paye, ce seront 30.000 à 40.000 clients qui sont attendus sur la toile. «Nous combinons ainsi dynamisme, et rôle social et éthique», résume André Girardeau.
Anne Perzo-Lafond
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