Les 3èmes Journées du Parc Naturel Marin ont été centrées sur le tourisme, un secteur qui n’a jamais décollé à Mayotte. Une implication de la population est inévitable, autour des activités traditionnelles.
« Les gens ne viennent pas à Mayotte pour voir des cocotiers ! », analyse Michel Ahmed, directeur du Comité départemental du Tourisme (CDTM) lors de la restitution des 3èmes Journées du Parc Naturel Marin de Mayotte des 5 et 6 décembre. La volonté de proposer un tourisme différent animait donc les ateliers, axés cette année sur le thème « Garantir des activités récréatives organisées et en harmonie avec les écosystèmes marins ».
Un Parc Naturel Marin est une aire marine protégée destinée à protéger les écosystèmes qui le composent et à proposer un développement des activités liées à la mer en cohérence avec sa protection.
La France compte en 2013 cinq parcs naturels marins. Le premier fut créé en Iroise (Bretagne) en septembre 2007, et Mayotte, 2010, est le premier parc naturel marin en outre-mer.
Les acteurs locaux en assurent la gouvernance à travers le conseil de gestion. Il est présidé à Mayotte par Maoulida Soula, par ailleurs président du Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement. L’Agence des Aires marines protégées apporte les moyens humains et financiers, « 2M€ ont été alloués au Parc naturel Marin de Mayotte en 2013 », nous confie Cécile Perron, sa directrice déléguée.
Le lagon, nombril de Mayotte
Mais on le sait, à Mayotte, il est difficile de développer le tourisme si la population ne s’implique pas. « Commençons par apprendre aux enfants à nager en créant notamment des piscines d’eau de mer », proposait Yvan Borie, club Ololo, qui a enseigné la voile à des dizaines de jeunes Mahorais qui ont ensuite basculé sur planches à voile. Mais la source s’étant tarie avec les finances des collectivités, les jeunes se retrouvent sans support.
L’implication des municipalités a été soulignée dans la plupart des ateliers, « depuis que Bandrélé a décidé d’organiser un rassemblement de pirogues, les plages sont mieux entretenues. Et une activité soutenue y décourage la délinquance ». La poursuite des activités scolaires liées à la mer est avancée comme un maillon clé.
L’atout de Mayotte, c’est son lagon : « Il va devenir le point central de notre communication, la raison pour un touriste de se déplacer. Nous pouvons devenir une des principales destinations mondiales en matière de plongée », déclarait Michel Ahmed qui décrivait le touriste de ce début du XXIe siècle, « à la fois consommateur et acteur ».
Tourisme chez l’habitant
C’est pourquoi un programme type sera défini, calqué sur « pêche au djarifa (toile) pendant la journée, puis dîner chez l’habitant le soir, ce qui nécessite une implication de la population ».
Et les professionnels s’en mêlent sous les visages de deux « poids lourds » : Eric Bellais, Ecole d’Application maritime, et Régis Masseaux, Cap’tain Allendor. Leurs offres sont multiples : « embarquement des touristes à bord de long liners (gros navires de pêches, ndlr), découvertes de métiers de la mer comme l’écloserie ou la fabrication du sel, participer à des dégustations ventes de produits typiques, visites d’installations aquacoles, etc. »
Un programme qui passe par la formation, « avec respect des horaires, accueil de qualité » et la labellisation des professionnels, ce qui ne sera pas chose facile pour tous, « les touristes doivent s’être enrichis ».
La maîtrise de la langue est, osons l’écrire, le b-a ba d’un plan qui est susceptible de créer de nombreux emplois pour la population locale qui doit se retrousser les manches pour ne pas laisser passer le train, et crier ensuite à l’accaparement des postes par des Métropolitains.
Si le Parc Naturel Marin réussit la gageure de développer quelques axes forts, il redorera son blason auprès des professionnels du lagon, comme les clubs de plongée, qui ont déserté les ateliers pour « avoir été déçus des actions entreprises jusqu’alors ».
Anne Perzo-Lafond
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