Mayotte est entrée dans une période de faible inflation. Cette quasi stabilité des prix permet au pouvoir d’achat de progresser.
Les prix à la consommation ont augmenté de 0,3% en 2013, nous apprend l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes économiques) dans son dernier bulletin. Le mois de décembre est dans la moyenne, +0,3%, «sous l’effet conjugué d’une légère baisse des prix des produits alimentaires, dont les œufs et les produits laitiers et les boissons alcoolisées, et d’une hausse des prix des services aux ménages, dont les transports aériens qui entrent en tarifs de haute saison», constate l’INSEE.
Pour comparaison, ces prix avaient augmenté de 1,2% en 2011 et 1,4% en 2012. Et, même modeste, l’inflation est de 0,7% en métropole pour la même année. Or, il est rare que l’inflation à Mayotte soit inférieure à la métropole, et on est aujourd’hui bien loin des 6% de 2008. Il faut dire que l’année qui précédait ce taux, le SMIG (Salaire minimum Interprofessionnel garanti) avait été boosté de 17%, dans une logique de rattrapage du SMIC (Salaire minimum Interprofessionnel de croissance) métropolitain. Un gain de pouvoir d’achat qui s’était logiquement traduit par une consommation accrue, provoquant une forte inflation.
On aurait pu se retrouver en 2013 dans une configuration atténuée, mais identique, puisqu’en 2012, à la suite des manifestations contre la vie chère, le gouvernement avait décidé d’accroître le salaire minimum. Mais cette fois-ci, il n’y a pas eu report sur les biens de consommation.
Et le SMIG poursuit sa progression : + 4,1% en 2013, puis un nouveau coup de pouce de 2,2% au 1er janvier 2014. Il est désormais à 98,7 % du SMIC national, pour un rattrapage complet annoncé au 1er janvier 2015.
Pour atteindre cette échéance, le salaire minimum a donc une croissance systématiquement supérieure à l’inflation à Mayotte, alors qu’il est indexé sur le même taux en métropole. Le pouvoir d’achat ne cesse donc de s’accroitre, mais cela ne se traduit pas en 2013 par une hausse de consommation. En effet, en décembre 2013, les prix des produits alimentaires baissaient, alors qu’ils étaient en hausse constante, + 25% depuis 2007. On est donc toujours dans un climat morose.
Il est probable que la crise mondiale actuelle influe sur le comportement des ménages qui se réfugient alors vers l’épargne.
Est-ce à dire que le rattrapage du SMIG terminé, et à conjoncture similaire, c’est une déflation (baisse des prix) qui attend Mayotte ?
Anne Perzo-Lafond
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