Environ 300 petits commerçants ont manifesté ce matin dans les rues de Mamoudzou. Ils dénoncent les nouvelles réglementations qui bloquent leurs marchandises au port et placent de nombreux commerces dans une situation délicate.
«On va mourir !» Le message des petits commerçants de Mayotte est sans appel. Octroi de mer et normes européennes qui s’imposent depuis le 1er janvier les ont pris de court. Sans avoir pu et su anticiper les changements de réglementations, beaucoup se retrouvent avec de la marchandise achetée, importée mais bloquée au port de Longoni. «Il y a des centaines de containers bloqués et non dédouanables, explique Haladi Bacar, le porte-parole des commerçants du marché de Mamoudzou. Cette marchandise a été achetée avant les nouvelles règles et aujourd’hui, tout est bloqué pour les commerçants mais aussi pour les douanes et les transitaires.»
Les réglementations européennes applicables à Mayotte depuis le début du mois imposent en effet des normes nouvelles aux différents produits achetés hors union européenne. Et cela change beaucoup de choses dans les habitudes mahoraises : on ne peut plus importer n’importe quelle marchandise de Dubaï ou d’Asie comme on l’entend. «On nous demande des documents qui accompagnent ces produits, des certificats, des normes… Personne n’a vraiment été informé, note Haladi Bacar. Il faut bien comprendre, que ces petits commerçants, ce sont des gens qui font du commerce international sans avoir eu de formation. Alors, c’est impossible de s’y retrouver aujourd’hui.»
Les commerçants ont peur de fermer boutique
Beaucoup d’entre eux promettent une mort rapide de leur activité si rien n’est fait rapidement. «Un petit commerçant peut prendre un crédit de 3.000 ou 4.000 euros pour acheter ses marchandises. S’il ne peut pas les récupérer et les vendre, c’est la faillite assurée !»
Les commerçants réclament une période de transition d’un an, pour que toutes les autorités se mobilisent autour de la cause. «La DIECCTE*, les douanes, la préfecture, la CCI, le Conseil général doivent faire de l’information et des formations pour nous et pour les transitaires», réclame Haladi Bacar.
Reçus à la préfecture, les commerçants ont obtenu un rendez-vous de travail le 28 janvier. En revanche, peu d’avancées à l’issue d’une réunion avec le directeur de cabinet de Daniel Zaïdani, le président du Conseil général. D’après les commerçants, le Conseil général découvrait, avec la manifestation du jour, l’ampleur du problème mais il n’a guère de possibilités d’agir sur l’application des normes européennes. Le Conseil général se serait tout de même engagé à demander une dérogation temporaire. Le principe d’une grande réunion avec l’ensemble des institutions et les commerçants semble également avoir été acté.
Mayotte compterait environ 3.000 petits commerces.
RR
DIECCTE : Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.
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