Le président du Syndicat des pêcheurs Mahorais écrit aux deux préfets de la Réunion et des Terres Australes et Antarctique Françaises pour dénoncer des faits graves lors de l’interpellation de deux pêcheurs locaux par le Sirocco. Et se réserve la possibilité d’élargir son action en justice.
Également vice-président du Parc naturel marin de Mayotte, le président des pêcheurs mahorais ne compte pas lâcher l’affaire. Il pose la question de la légalité.
Régis Masséaux conteste toujours les conditions d’interpellation des deux barques mahoraises surprises en pêche illégale prés des Iles Glorieuses. Arraisonnées par le navire militaire français le Sirocco, ils accusent les militaires d’avoir brûlé leur Vêtement de travail à Flottabilité Intégrée (VFI), ce qui est repris par Régis Masséaux dans son courrier aux préfets des TAAF et de La Réunion. S’il s’avérait vrai, ce fait est extrêmement grave quand on sait que les pêcheurs ont été ensuite sommés de reprendre la mer vers Mayotte…
Ont également été brûlés, et reconnu par la préfecture des TAAF, leur matériel de pêche ainsi que du carburant. Seule une quantité d’essence estimée pour le retour vers Mayotte, soit 60 litres, leur a été remise, selon eux, ce qu’avaient contesté les préfets de La Réunion et des TAAF (Terres Australes et Antarctiques françaises), qui indiquent qu’ils sont repartis avec le plein. Sans pouvoir expliquer alors que les pêcheurs assoiffés et affamés avaient ensuite dérivés jusqu’à ce que des locaux leur viennent en aide.
Le président du syndicat des pêcheurs reconnaît que les pêcheurs «s’étaient éloignés des bancs coutumiers de la Zélée et du Geyser», mais dénonce : «les procédures n’ont pas été respectées». Après avoir saisi le procureur de Mayotte (mettre la lettre en lien) en notant «il ne faut pas confondre lutter contre les pirates et se comporter comme des pirates», Régis Masséaux s’adresse aux préfets de la Réunion et au préfet des TAAF dans un courrier et s’interroge : «Quelqu’un en infraction au volant de sa voiture ne se voit pas brûler ses biens et son permis».
Deux justices ?
Il prend en exemple deux navires, l’un Sri-Lankais surpris en pêche aux Glorieuses, l’autre, également asiatique en pêche illégale en Terre australe : «le premier a été dérouté à Mayotte en 2013, l’autre à La Réunion.» Pourquoi cette procédure n’a-t-elle pas été appliquée aux pêcheurs ? D’autant plus que «si les affaires maritimes condamnent la dangerosité du voyage vers les Glorieuses (…), je ne comprends pas que l’officier de gendarmerie les ai laissés repartir !»
Deux traitements inversement proportionnels au risque encouru, car la problématique de la pêche illégale n’est pas la même selon qu’il s’agit d’un thonier ou d’un pêcheur mahorais qui se rend dans une frêle embarcation à 140 miles (260 km, distance Mayotte-Glorieuses) de son port d’attache : «s’ils prennent autant de risques ce n’est pas de gaité de cœur mais bien pour pouvoir vivre de leur travail et si la pêche à Mayotte ne ressemble pas à celle de la France d’aujourd’hui, il faut dire qu’on n’y a pas mis de gros moyens pour la moderniser et la sécuriser».
Régis Masséaux n’hésite pas à dire que la dénonciation de ces «exactions» pourrait le mener jusqu’au tribunal européen s’il le faut. Mais il invite les préfets à «éviter la polémique» et «à laisser l’enquête se mener à bien».
Anne Perzo-Lafond
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