La direction du groupe BDM, difficile à joindre, a bien voulu répondre à nos questions sur le conflit social qui menace de durer au supermarché Jumbo score.
Les employés continuent à soutenir un collègue dont ils sont persuadés du geste anodin, «un frôlement de sa jupe», quand la victime décrit des faits bien plus graves. Marc Berlioz, le directeur du groupe BDM (Bourbon Distribution Mayotte, filiale du groupe réunionnais Bourbon), nous les retranscrit à mots choisis pour ne pas choquer : «la jeune femme montait les escaliers pour se changer lorsqu’elle a senti que quelqu’un lui portait une main sur les fesses. Demandant des explications, il lui a répondu, ‘c’est ma main !’ Elle est alors allée le trouver dans l’entrepôt pour obtenir des excuses, mais n’a eu en retour que des propos qu’elle qualifie d’ ‘offensant’ ».
Deux femmes témoins de la scène disent n’avoir rien vu, quand un autre employé du groupe, présent dans l’entrepôt confirme les dires de la plaignante qui, près avoir été entendue par le directeur du supermarché, est allée déposer plainte. Une enquête est donc en cours.
L’employé mis en cause a lui aussi été reçu par la direction : «Il pense n’avoir rien fait de grave, mais s’est excusé par écrit ‘de sa mauvaise blague’». Il a donc été mis à pied à titre conservatoire «c’est-à-dire jusqu’à l’entretien du 3 février à l’issue duquel une décision sera prise».
Le choc des cultures
Marc Berlioz ne comprend pas le mouvement social qui a sévi, dès le lendemain, chez les employés, alors qu’il s’agit d’une action en faveur du droit des femmes : «Ils se trompent de combat en faisant passer la victime pour responsable». Ce matin encore, les caissières, toutes de salouvas vêtues, maugréaient contre «cette fille qui s’habillait court vêtu et qui montrait son piercing à tout le monde». Une mise à l’index qui ressemble aux émois que provoquait, à l’époque, les sorties des premières mini-jupes dans les campagnes métropolitaines.
Le directeur du groupe est inflexible : «la décision finale sera prise en fonction de la faute et non sous la pression. C’est une question d’éthique.» Le licenciement de l’employé n’est donc pas certain, mais pas écarté non plus.
Les rayons sont péniblement approvisionnés par quelques salariés non grévistes, au milieu d’un vacarme de sifflets et de cris permanents des manifestants. Pour l’instant, aucune proposition de sortie de conflit n’a été émise par les salariés indiquait la direction dans la matinée.
Les salariés rencontraient ce mercredi, à 14 heures, le directeur du supermarché, Jean-Paul Ancenay, mais aucune avancée n’en est ressortie.
Anne Perzo-Lafond
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