Après la publication du palmarès des lycées vendredi 4 mars par le ministère de l’éducation nationale, un constat s’impose : Mayotte reste un département inclassable dans les tableaux nationaux.
Depuis 21 ans, la presse nationale fait ses choux gras des «indicateurs de résultats des lycées» publiés par l’éducation nationale. C’est l’occasion pour elle de se pencher sur les résultats obtenus par les lycées et d’en tirer des classements plus nuancés que la simple lecture des résultats du bac.
Dans ce palmarès, on trouve certes le taux de réussite au baccalauréat, un critère où, sans surprise, des établissements «prestigieux», hyper sélectifs et installés à Paris et dans de grandes villes de province, affichent 100% de réussite. Mais cette étude permet aussi de faire apparaître d’autres catégories de champions, des lycées de villes moyennes, de banlieues ou de zones rurales qui se distinguent par leur forte «valeur ajoutée». Ils obtiennent de bons résultats avec des élèves non-sélectionnés, parfois au départ en difficultés et souvent issus de milieux défavorisés.
Des taux de réussite toujours bas
Cette «plus value» est l’indicateur qui permet au ministère de mesurer le rapport entre les résultats réels de ces lycées et leurs résultats «attendus» en fonction du profil des élèves qu’ils accueillent.
En outre-mer, quatre lycées généraux et technologiques figurent dans la catégorie «forte valeur ajoutée» : deux en Martinique, un en Guyane et un dernier à La Réunion. Aucun à Mayotte. Même constat du côté des lycées professionnels, où on retrouve un lycée guadeloupéen, un martiniquais et un réunionnais mais aucun mahorais.
Une explication s’impose. Sans aucun doute, les résultats obtenus par les établissements de Mayotte sont en dessous des chiffres nationaux. Lorsque l’on regarde le taux de réussite au bac des lycées généraux et technologiques, celui de Kahani obtient 81% suivi de Pamandzi et Sada avec 68%. Acoua ferme le bal avec un tout petit 53%.
De même, le taux d’accès au bac des élèves de seconde (la proportion d’élèves qui parvient jusqu’à l’examen) se situe entre 53% à Mamoudzou et 61% à Sada.
Quant aux sept lycées professionnels de Mayotte, ils affichent des taux de réussite compris entre 60% et 74% : 60% (Chirongui),63% (Kaweni), 64% (Acoua et Ouangani-Kahani), 71% (Bandraboua), 72% (Pamandzi) et 74% (Sada).
Pas de «valeur ajoutée» pour Mayotte
Pour autant, à Mayotte, impossible d’aller au-delà de ce constat. La notion de «valeur ajoutée» n’est pas appliquée aux lycées mahorais. Certains sont créés trop récemment pour pouvoir faire valoir des chiffres significatifs. Mais surtout, ils semblent accueillir un public beaucoup plus homogène que dans les autres départements. Chez nous, pas de lycée élitiste pour enfants issus de milieux plus favorisés.
Mais sans cette mesure de «valeur ajoutée», les sept établissements généraux et technologiques de Mayotte semblent uniquement relégués à tenter d’absorber un flux toujours plus important d’élèves. Cette massification de l’enseignement et de l’accès aux examens mériterait pourtant une approche qualitative, pour redonner à des équipes éducatives parfois épuisées, l’envie de continuer à tirer vers le haut le niveau de leurs élèves.
RR
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