Le dépôt des listes est bouclé pour les élections européennes du 25 mai*. Ni en Outre-mer, ni en métropole, le scrutin passionne. Un désamour paradoxal alors que 80 % des textes de lois françaises sont issus de textes européens, votés par le Parlement.
Quelle est la différence entre un député français et un député européen ? Évident, le premier vote les lois françaises, le second les lois européennes. C’est ça, mais pas exactement… Première différence, au niveau de la représentation des citoyens européens, ce n’est pas la panacée. Le député continental a derrière son mandat électoral beaucoup plus de monde que le député national. Un député européen représente près de 700.000 citoyens, un député français, environ 100.000. Si on applique le ratio français au niveau du parlement européen, les séances plénières strasbourgeoises se dérouleraient avec plus de 5.000 élus… Ingérable.
Trois députés, trois océans
Le paroxysme de cette “suprareprésentation” est probablement l’Outre-mer français. Trois océans, pour trois députés ! Qui dit mieux ? Difficile dans ces conditions de réaliser d’arpenter les marchés de la Nouvelle-Calédonie à la Guadeloupe en passant par Mayotte et la Réunion avant un petit crochet par Saint-Pierre et Miquelon.
Autres sources de désintérêt pour ces élections : le recasage des anciennes gloires de la politique au Parlement européen. Michèle Alliot-Marie, ex-députée, ex-titulaire de multiples portefeuilles ministériels n’a plus de mandats après avoir été battue aux dernières élections législatives. “Je vais perdre de l’argent en allant au Parlement européen”, a-t-elle déclaré sur I-Télé, le 30 avril.
Rares sont les têtes de liste spécialistes des institutions européennes. L’Outre-mer fait exception en ce sens. Le député sortant de la section Océan indien, Younouss Omarjee (Front de Gauche), est un pur produit du Parlement, il y travaille depuis 2004, d’abord en tant qu’assistant parlementaire de Paul Vergès. Maurice Ponga, la tête de liste UMP, originaire de Nouvelle-Calédonie est également candidat à sa propre succession.
Les institutions européennes de Strasbourg et Bruxelles sont à plus de 8.000 km de Mayotte, mais ne sont probablement pas plus compréhensibles que les choix budgétaires de beaucoup de communes mahoraises. La grosse différence entre les députés européens avec la plupart des députés nationaux est qu’ils n’ont pas de pouvoir d’initiative législative. C’est l’apanage de la commission européenne, dont les membres sont nommés par les États membres, mais ne sont pas leur représentant.
Le triangle institutionnel
Trois institutions rythment la prise de décision de l’UE. La Commission européenne a certes, l’initiative législative, c’est-à-dire qu’elle propose les textes de lois européennes, mais ne décide pas seule de l’application des textes européens. Le Parlement et le Conseil européen, composé de ministres des 28 États membres de l’UE, ont le rôle de co-législateur, ils peuvent amender les textes. Une fois le texte adopté, c’est la Commission qui veille à leur application par les États membres. En résumé, le Conseil représente l’intérêt des États membres, la Commission est le défenseur de l’intérêt communautaire et le Parlement celui des citoyens européens.
Grande nouveauté lors de la prochaine élection européenne : le Parlement européen élira le prochain président de la Commission européenne. Un regain démocratique de l’Europe ? Oui, mais cette avancée doit être nuancée. Le Conseil européen, c’est-à-dire, la représentation des 28 souverainetés étatiques aura le dernier mot en avalisant ou en rejetant le nom proposé par le Parlement. Martin Schulz (S & D, sociaux démocrates) , Jean-Claude Juncker (PPE, centre droit) ou encore José Bové (Les Verts) sont candidats.
A.L.
* Les têtes de liste pour la circonscription Outre-mer (non-exhaustif) sont PS : Philippe Le Constant – UMP : Maurice Pongan (sortant) – FN : Marie-Luce Brasier-Clain – EELV : Yvette Duchemann – Front de Gauche : Younouss Omarjee (sortant) – UDI-Modem : Léonard Sam
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