Les Ceméa ont formé leurs équipes à la réalisation de courts métrages de fictions. Ces films destinés aux parents sont aussi l’occasion de s’approprier l’image et ses enjeux.
Ils sont en montage. Réalisateur et animateurs des Ceméa* finalisent trois courts métrages de fiction sur le thème de la parentalité. Ces films sont destinés à être vus par le plus grand nombre mais ils seront également utilisés dans des ateliers de travail ou des écoles de parents dans les villages.
«A chaque fois, ce sont des situations positives, comme un père qui amène ses enfants à un voulé. Mais ces fictions peuvent aussi dénoncer des attitudes négatives, un film montre par exemple des jeunes adultes qui envoient des petits acheter de l’alcool dans une douka», explique Christian Gautellier, le directeur national médias, éducation critique et citoyenneté des Ceméa.
Transfert de compétences
Trois ans après son dernier séjour à Mayotte, Christian Gautellier est venu appuyer les équipes locales dans leur projet. Car si les animateurs des Ceméa sont à l’origine des scénarios d’après leur expérience du terrain, ils n’ont pas encore tous les savoir-faire pour porter un tel projet. «Ce qui est formidable, c’est qu’on est dans un véritable transfert de compétences pour que les équipes, à Mayotte, soient en mesure de réaliser des projets complets toutes seules», s’enthousiasme Christian Gautellier.
Ces films vont en effet servir d’outil aux Ceméa pour créer des événements, susciter des discussions et finalement faire bouger la société. Il est question de la musada pour valoriser la logique d’entraide ou encore du lien entre les générations pour transmettre les coutumes ou simplement créer un véritable échange entre les pères, les mères et les enfants.
Une éducation à l’outil audiovisuel
Le tournage s’est déroulé sur la commune de Dembéni avec des figurants et des acteurs choisis au sein des villages. Et au-delà du contenu des films, c’est leur réalisation même qui est importante. «On est dans une optique de proposer une éducation à travers l’image mais aussi l’éducation à l’outil audiovisuel, explique McLand, le réalisateur. Avec les jeunes, je prends la caméra, j’explique la technique ou l’organisation d’un plateau de tournage.»
«Au final, ces échanges créent une dynamique, conclut Christian Gautellier. Ce sont les équipes de Mayotte qui ont monté cette formation à l’éducation à l’image et elles se sont vraiment appropriées l’enjeu culturel du cinéma.»
Voir des images d’ailleurs est en effet important pour s’ouvrir sur le monde mais l’image doit également permettre à tous de s’identifier à des situations locales pour s’inscrire dans une culture et une tradition ou, à l’inverse, faire évoluer des comportements. C’est tout l’enjeu d’une telle expérience.
RR
Le Journal de Mayotte
*Ceméa : Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active
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