Les participants à la formation de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de la Défense Nationale) sont du 20 au 23 mai à Mayotte. Une croisée des chemins entre les objectifs militaires et les réalités d’un territoire aux frontières poreuses.
L’Institut a pour mission de développer l’esprit de Défense et de sensibiliser aux questions internationales. Pour toucher les candidats intéressés mais qui ne pourraient se déplacer à Paris, des sessions sont organisées en région.
Celle qui concerne La Réunion et Mayotte depuis la semaine dernière regroupe des cadres des deux îles. Elle doit permettre, grâce à des conférenciers de grande qualité, de faire prendre conscience des enjeux collectifs, et des moyens dont disposent les différents corps d’armée pour les résoudre, notamment dans l’Océan indien.
«Il était important dans ce cadre que les Réunionnais découvrent Mayotte et les problématiques qui s’y rattachent. Nous avons parlé immigration clandestine, délinquance et problème de scolarisation sans langue de bois. Il n’y a aucun sujet tabou», nous rapporte le général Alexandre Lalanne-Berdouticq, directeur des sessions régionales de l’IHEDN, ancien commandant du 3ème régiment étranger d’Infanterie et ancien chef du bureau de liaison de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban.
Outre les conférences géopolitiques et le travail en Comité, les visites sur le terrain ont permis à tous de découvrir le DLEM (Légion), le travail de la PAF (Police aux Frontières) et le BSMA (Bataillon du Service militaire Adapté) à Combani.
Mayotte se renforce en auditeurs
Là encore, pas de tabous et le colonel Guillaume-Barry poussait la visite de terrain jusqu’aux barrières où sont appuyées les cases en tôles, une enceinte militaire entourée d’une exploitation agricole « qui n’emploie que des clandestins » et à gauche « un marchand de sommeil loueur de cases ».
D’ailleurs, si les cadres du BSMA donnaient les clefs de leur réussite d’insertion, 87% en formation essentiellement, basées sur l’évaluation permanente et l’accompagnement personnalisé de leurs élèves, ils relevaient les limites du marché du travail : « un grand nombre de travailleurs illégaux qui concurrence nos jeunes, et une législation du travail pas toujours correctement appliquée surtout chez les très petites entreprises ».
Un des atouts de cette formation est « la possibilité d’échanger entre personnes de différentes origines, de plusieurs corps de métier, avec des raisonnements totalement différents selon qu’on est économiste, magistrat ou militaire», confie Isabelle Chevreuil, expert comptable, et une des deux femmes avec Noéra Mohamed, des droits des femmes, à représenter Mayotte.
A la suite de la formation, les participants auront le statut d’auditeur. Ils appartiendront alors à l’AR 27 de La Réunion, qui regroupe aujourd’hui plus de 120 auditeurs venus d’horizons divers, civils et militaires, français et étrangers, « et nous pourrons provoquer des réunions pour discuter entre nous, à Mayotte, de problèmes liés à la sécurité », conclut Isabelle Chevreuil.
La 196ème session régionale se clôturera le 3 juin à Saint-Denis (La réunion).
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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