Mais à petits pas. Ce qui donnaient une note très locale à une soirée inscrite au festival Maore jazz.
« La société mahoraise repose sur une identité locale singulière, forte et affirmée » indiquent les porteurs du projet Nari Himbiye Maore, « Nous chantons Mayotte », reprenant les propos de Madina Régnault, consultante spécialisée en politiques culturelles.
Transmettre et sauvegarder le patrimoine culturel reste indispensable alors que l’île vit plusieurs mutations statutaires. La musique mahoraise en fait partie, « qui est constamment enrichie d’apports extérieurs, mais respectueuses des formes originelles ».
Le projet Nari Himbiye Maore permet aux enfants d’interpréter des chansons traditionnelles, en langue vernaculaire, pour valoriser un répertoire s’appuyant sur un métissage de différents genres : traditionnel et jazz, donnant naissance à du m’godro jazz.
Ils étaient cinquante enfants à la création de l’ensemble en 2001, et c’étaient plus de 130 voix qui se produisaient sur la place de la République ce jeudi soir. Scolarisées dans les écoles et collèges de M’Gombani, Cavani et Kawéni, ils avaient la chance d’être accompagnés par des pointures du jazz : l’accordéoniste Gizavo et le trio parisien Drouard-Dumont-Postel, et par l’artiste mahorais Mtoro Chamou.
Des jazzmen qui ont malgré tout peu joué, les chants et rythmes choisis se prêtant moins à une adaptation au jazz qu’aux aux danses locales et mbiwis du groupe Malazasouwa. Quelques personnes parmi le public en étaient surprises, d’autant que la soirée était inscrite au Maore Jazz*.
Moments d’émotion
Un projet qui ressemble à un défi pour certains, « qui a impliqué un travail à trois, entre le premier et le second degré et le Centre Universitaire et de Formation », indique Didier Tabaraud le Fer, inspecteur de la circonscription nord. Un travail doublement intéressant, « puisqu’il dédramatise le passage en collège pour l’enfant de primaire qui vient y répéter ».
Nathalie Maliki, professeur de musique qui officie dans les écoles de la circonscription nord, a mis l’ensemble en musique. Elle recevait dans un préambule émouvant, un bel hommage de Yasmine, une jeune du chœur, qui récitait avec assurance un poème de son invention, « pour remercier Nathalie et exprimer les mots qu’on ne sait pas dire ».
Des chants bien interprétés qui ont ravi un public venu nombreux. Seule, l’acoustique décevait ceux qui avaient mis toute leur énergie dans le projet.
Parallèlement, un film sera produit par l’association « C’est le droit des enfants ». Résumé de la tournée de la chanteuse Dominique Dimey qui s’est produit l’année dernière avec les enfants à Mayotte, il fera découvrir la réalité de leur vie, et sera axé sur les valeurs universelles des droits de l’enfant.
Et comme toujours à Mayotte, les rythmes ont eu raison du mot FIN, et djembés, chants et danses s’accaparèrent la scène, entrainés par Mtoro Chamou et sa guitare.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*Encore une soirée pour le Maore jazz puisque ce samedi soir se produisent Gizavo, Mtoro Chamou et Zambavil Jazz Trio au Plateau de Balamanga (Mtsapéré)
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