Un budget excédentaire qui doit permettre de relancer l’activité économique et d’investir dans le social. Mais l’Etat est encore une fois rappelé à l’ordre.
Le budget de 354 millions d’euros du département a été voté à l’unanimité. Seuls deux conseillers généraux manquaient à l’appel de ce premier retour du département à une autonomie financière, avec un excédent global à la fin de l’exercice 2013 de 45,37 millions d’euros.
« Un résultat qui nous réjouit mais dont la fragilité incite à la prudence », indiquait le président de la commission des finances, Said Ahamadi «Raos», qui se contredisait plus tard, «nous revaloriserons nos indemnités de conseillers territoriaux lors de la prochaine séance». D’autre part, les élus du CG ont décidé de diminuer les taux de taxe foncière, une sorte de cadeau fiscal.
Deux nouvelles qui provoquaient quelques réactions… De l’inquiétude pour Said Omar Oili, conseiller de Dzaoudzi Labattoir, « surtout que vous n’avez pas tenu compte de la demande d’annulation du plafonnement des ressources des communes déposée par l’association des maires. Si elle est revue, les communes recevront la part de recettes d’octroi de mer qui est indument allouée pour l’instant au département, ce qui grèvera le budget ».
Un déplafonnement des recettes communales que le président du Conseil général avait jugé dangereux et combattu en son temps, et n’avait pas été suivi par Said Omar Oili, ce qu’il n’a pas manqué de lui faire remarquer.
Budget des routes multiplié par deux
Un budget critiqué par le Conseil économique, social et environnemental (CESEM) qui n’arrive pas à y lire de réelle politique publique du département, mais plutôt, « la persistance de l’augmentation des dépenses de fonctionnement dont les frais de personnel ».
Aux attaques du CESEM sur la déficience de l’engagement social du département « dispersion des programmes de soutien aux clubs et associations sportives (…) alors que le département doit exercer pleinement ses compétences en matière sociale », Daniel Zaïdani répond « politique agressive » : « en accompagnement des entreprises locales, sur l’état des routes dont le budget rénovation est multiplié par deux, bientôt par trois, accompagnement des clubs de sport ».
Et aux propos du CESEM impliquant « l’action de l’Etat à Mayotte qui doit venir en compensation des surcoûts supportés par le Conseil général face au fort taux de jeunes », Daniel Zaïdani fait écho : « le Plan social n’est pas appliqué à Mayotte, nous ne sommes remboursés qu’à 4% par l’absence de Couverture maladie universelle et complémentaire ou d’Aide Médicale d’Etat ! ».
Mayotte noyée sous l’immigration
Un exemple est donné par Said Omar Oili : « nos dépenses pour les départs d’étudiants en métropole se sont accrues de 25% et nos classes explosent car nous accueillons tout le monde!» Il proposait une fois encore de saisir les autorités nationales, « sinon, le budget va replonger et nous serons obligés d’augmenter les impôts ».
La politique sociale du département, souvent critiquée pour ses 4% du budget, était défendue par le président lui-même qui s’inscrit en faux, rappelant qu’il était à la tête d’une assemblée unique rassemblant les compétences d’un conseil général et régional. De fait, si le budget du département se monte à 354 millions d’euros, il est de 426 millions € en Guyane auquel il faut rajouter celui du Conseil régional, 180 millions d’euros.
Mayotte doit en plus gérer l’impact migratoire, « la Seine Saint Denis a bénéficié d’une aide de l’Etat pour héberger un nombre ‘atypique ‘ d’enfants», rajoutait le conseiller en chef.
Six PMI (Protection Maternelle Infantile) sont en cours de rénovation, « en un an, 120.000 consultations sur les 22 PMI que compte l’île, pour 212.000 habitants, c’est beaucoup!»
Daniel Zaïdani rappelait l’inscription d’un foyer d’accueil au Fond structurel européen FSE. Il invoquait les efforts faits avec des investissements qui augmentent de 30 à 80 millions d’euros en deux ans mais qui, «compte tenu des problématiques locales, semblent invisibles».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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