Le syndicat des médecins hospitalier a décidé d’un nouveau préavis de grève à partir de la dernière semaine de juin. Ses représentants seront reçus mardi à la préfecture. Ils réclament une plus grande attractivité pour Mayotte, financière et médicale.
«L’état d’esprit des praticiens hospitaliers n’est pas le même qu’il y a un an. On croyait les promesses qui nous étaient faites…» Le syndicat des médecins du CHM est aujourd’hui remonté face à l’absence d’avancées après le mouvement de grève de septembre dernier. Excédés par la masse de travail due au manque de professionnels de santé dans le département, les praticiens de l’hôpital avaient lancé un mouvement qui avait fait grand bruit.
Ils réclamaient un rétablissement de l’attractivité de Mayotte. Ils pointaient du doigt des questions qui les dépassent, comme les problèmes de sécurité, mais ils réclamaient également la mise en place d’une indemnité particulière d’exercice, une sorte de prime versée sur quatre ans pour faire venir des professionnels à Mayotte. La rédaction du décret semblait, dans un premier temps, sur la bonne voie. Mais dix mois après la grève, rien n’est encore acté.
«On nous l’avait promis pour septembre 2013, puis fin 2013, ensuite au 15 avril 2014 et finalement au 1er juillet 2014», énumère Gérard Javaudin. Et il n’y a toujours rien en vue. «Quand on pêche le poisson, on dit qu’il faut le fatiguer.»
Fatigués, les médecins le sont mais pas seulement de leur combat. «La surcharge de travail des praticiens est telle qu’ils occupent souvent plus d’un poste et demi. Ils en font toujours plus et quand ils seront vraiment exténués, ils s’en iront.» Pas question pour autant de brandir une menace de départs massifs du territoire comme les enseignants ont pu le faire. «On veut simplement qu’on reconnaisse ce que font les praticiens. Ils ont un attachement particulier à Mayotte, à la population et à leur métier. C’est pour cette raison que, pour l’instant, l’essentiel des praticiens est resté.»
Préavis de grève
C’est pourtant un ultimatum au gouvernement que le syndicat s’apprête à poser. Alors que ses représentants seront reçus mardi matin par le préfet Jacques Witkowski, le syndicat a acté en assemblée générale un préavis de grève à partir de la dernière semaine du mois de juin.
Le syndicat essaie également d’obtenir un rendez-vous avec la ministre des Outre-mer en visite à Mayotte cette semaine. Il s’agit de se faire entendre et pas seulement sur les questions financières. Car les demandes des médecins hospitaliers vont bien au-delà.
Elles portent également sur le développement des structures de santé à Mayotte. Le syndicat dénonce «la gestion» et les choix de l’Agence régionale de santé (ARS) de l’océan Indien. «Nous avons 12 lits de psychiatrie à Mayotte contre 450 à La Réunion, c’est quelque chose qu’on ne comprend pas. Comment peut-on donner 90 millions d’euros à l’hôpital de St Benoit et St André ou encore 120 millions pour l’hôpital de l’ouest réunionnais alors qu’on nous explique qu’il n’y a pas d’argent pour construire à Mayotte?»
Une réponse exigée avant la visite présidentielle
Les médecins réclament par exemple la «reconstruction» d’un bloc opératoire à Mayotte. «Pour que des praticiens viennent à Mayotte, il faut qu’ils aient l’assurance de pouvoir faire un excellent travail dont ils pourront se prévaloir pour la suite de leur carrière. On revendique un plateau technique de qualité pour faire venir des praticiens de qualité».
Les praticiens attendent des réponses concrètes avant le 27 juillet et le voyage de François Hollande. «On nous annonce une visite présidentielle. Nous voulons une réponse avant cette date. Qu’on nous dise oui ou non, mais que l’on sache», conclut Gérard Javaudin.
RR
Le Journal de Mayotte
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