Contrairement à l’Allemagne, la France n’a pas encore donné la place qui lui revient à l’apprentissage. Résultat, les chiffres du chômage sont mauvais. Ici, le lycée de Kawéni s’inspire de ce modèle allemand.
« A Mayotte, 7 personnes sur 10 n’ont pas de diplôme qualifiant », assène Alain Berna le proviseur du lycée polyvalent de Kawéni. Un chiffre qui explique selon lui le taux officiel du chômage de 36,6%, « avec deux fois plus de jeunes touchés par rapport à la métropole ».
Reprenant le chiffre national du taux de chômage des jeunes de 23,4%, il le compare aux 7,8% allemands, « où l’entreprise est la clef de voute de la formation ». Un constat favorable au développement de l’apprentissage, « qui s’inscrit d’ailleurs dans la politique du gouvernement dont l’objectif est d’atteindre 500.000 apprentis en 2015 ». Ambitieux, quand selon le proviseur il y a eu entre 2012 et 2013 une baisse des effectifs d’apprentis dans l’Hexagone.
L’établissement de Kawéni a donc voulu replacer ce type de formation au centre de son organisation, alors qu’il n’y avait jusqu’à présent aucun cadre de travail bien que l’Unité de Formation par Apprentissage (UFA) ait été créé en 2003 au sein du lycée…
Il répondait alors à une défection du Conseil général qui avait en charge feu le Centre de Formation des Apprentis (CFA). Deux autres UFA ont été créés depuis, à Dzoumogné et Kahani, plus petits que celui de Kawéni.
80% dans l’emploi
La formule fonctionne pourtant comme nous l’explique Nohé Passot, l’un des coordinateurs : « pendant les deux années de leur CAP les jeunes sont en alternance dans l’établissement et en entreprise. A l’issue, ils sont le plus souvent recrutés puisque 80% de ceux qui nous quittent, décrochent un contrat ».
Et c’est bien parce qu’«un apprenti sans entreprise n’est pas un apprenti », qu’Alain Berna avait convié ces dernières à une matinée d’échange. Il s’agit de la première d’une longue série qui prend acte dans le projet de l’UFA.
Un projet qui tourne autour de trois axes détaillés par Jean-Pierre Tegon, proviseur adjoint : « la réorganisation du fonctionnement de l’Unité, le tissage de liens solides avec le monde économique et l’amélioration de la réussite des apprentis aux examens en développent le soutien aux cours de base. Car un taux de 100% n’est pas satisfaisant si nous perdons des effectifs en cours de route ».
Suppression de la prime à l’apprentissage…
Une vingtaine d’entreprises avait répondu présentes. Les secteurs couverts sont ceux des CAP proposés : Coiffure, Boulanger, Agent d’entreposage, Cuisine, Restaurant et Employé de vente. Se retrouvaient ainsi les représentants de Jumbo score, de la Maison des Livres, du Jardin Maore, du Moana, de la boulangerie de Pasamainty, de Distrimax, de la SNIE, de Sodifram, du coiffeur Robin Gauthier ou de Colas pour ne citer qu’eux.
En métropole, l’intérêt pour l’apprentissage s’effrite auprès des patrons de PME rapporte Alain Berna, « essentiellement en lien avec l’annulation de la prime de l’apprentissage pour les entreprises, mais aussi en raison de difficulté d’adaptation des apprentis au monde du travail et du manque de motivation de ces jeunes. C’est sur ces deux derniers points que nous avons voulu travailler dans ce projet de l’UFA ».
Un coordinateur chargé du suivi des jeunes au sein de l’entreprise a ainsi été nommé, « votre présence aujourd’hui et notre collaboration permet de mettre en place des formations qui collent à vos réalités ».
La formule de l’apprentissage a été adoptée par les plus grandes écoles d’ingénieur, informait Madeleine Doussy-Prince, Pôle technologique du vice-rectorat, « c’est bien la preuve que ça marche ! ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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