CARNET DE JUSTICE DU JDM. L’accident de la route était particulièrement grave. Le 5 septembre 2013, sur la commune de Chirongui, le camion que conduit Tahina sort de la route, percute de plein fouet la rambarde d’un pont et s’écrase en contre bas de la chaussée, une chute de 18 mètres.
A l’intérieur, les 4 personnes connaissent des situations très différentes. Tahina a perdu beaucoup de sang quand les secours arrivent alors que son amie n’est pas blessée. Quant aux deux autres passagers qui n’avaient pas bouclé leur ceinture de sécurité, ils sont gravement touchés. Traumatisme facial et multiples fractures, les secours décrivent dans leur rapport la désincarcération longue et difficile qui les obligent à sectionner des tendons d’un des blessés pour extraire le panneau de signalisation qui l’a transpercé.
Un camion à 73.000 euros
Tahina est logiquement poursuivi pour blessures involontaires mais il l’est aussi pour abus de confiance. Le camion qu’il conduisait n’était en effet pas le sien. Il appartenait à son employeur et ne devait être utilisé que pour des motifs professionnels. Tahina n’avait pas non plus le droit de transporter d’autres personnes à bord, son contrat de travail le spécifiait très clairement. Car le véhicule n’était pas une banale camionnette. Il s’agissait d’un véhicule d’intervention avec du matériel hydraulique acheté un mois plus tôt par une société réunionnaise pour sa filiale de Mayotte. Avec l’ensemble des équipements à bord, il y en avait pour plus de 73.000 euros.
Il boit en conduisant
Ce soir-là, Tahina se rendait à une veillée funéraire après le décès d’un ami. La nuit est tombée et à cette heure tardive, il est difficile de trouver un taxi. Tahina décide d’emmener deux de ses amis et sa copine.
Mais le chemin pour aller à cette veillée va être long. Les quatre s’arrêtent d’abord dans un restaurant puis dans une douka pour acheter un pack de bière. Tahani boit d’ailleurs en conduisant et surtout il roule très vite.
Les passagers indiquent avoir eu peur et lui avoir demandé plusieurs fois de ralentir voire de laisser le volant à quelqu’un d’autre. Au moment d’aborder le virage fatal, juste après le pont, Tahina va manifestement beaucoup trop vite, il roule au milieu de la route et n’a pas le réflexe de freiner.
Le prévenu absent
Tahina était absent de l’audience correctionnelle, il n’était pas non plus représenté par un avocat. Faute d’explications de sa part, le tribunal l’a lourdement condamné : 6 mois de prison avec sursis, 1.000 euros d’amende et une suspension du permis de conduire pour 18 mois. Il va surtout devoir dédommager son employeur pour avoir utilisé indument le camion. Si l’assurance a remboursé 47.400 euros, Tahina va devoir verser le complément du véhicule quasiment neuf : 25.893 euros, auxquels s’ajoutent 8.000 euros de préjudice moral et financier pour la société qui avait du faire venir du matériel et des techniciens de l’extérieur. Il devra enfin s’acquitter de 3.500 euros de frais de justice.
Quant aux victimes de l’accident, le tribunal a demandé une expertise médicale pour établir le montant des dommages et intérêts qui leur seront attribués lors d’une audience civile prévue au mois de février.
RR
Le Journal de Mayotte
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