En visite dans la commune de Kani Keli dont il n’avait pas encore rencontré les édiles dans le cadre de Mayotte 2025, Seymour Morsy a inauguré le monument honorant la mémoire du M’zé.
Originaire de ce village de la commune de Kani Keli, Younoussa Bamana y était enterré. Une sépulture menacée par la végétation à qui il fallait redonner la place que l’île lui devait.
Le M’zé ainsi que le surnomme affectueusement la population qui lui reconnaissait un rôle de guide, est l’homme politique qui aura le plus marqué Mayotte. Président du conseil de circonscription, il est nommé préfet de Mayotte puis président du Conseil général pendant 27 ans, de 1977 à 2004.
C’est donc un mausolée que sa nombreuse famille (il a eu 23 enfants) a choisi d’ériger en sa mémoire, projet relayé par l’Etat, « on y travaille depuis un an », explique une de ses sœurs Moinaécha Bamana. Un monument qui aura coûté 100 000 euros, dont 80% financés par la préfecture, « le reste par la commune et la famille », indique Zaïdou Bamana, son fils écrivain.
Seule une réception de l’ouvrage était prévue ce vendredi après midi, mais les prières et chants, et la présence du préfet en compagnie du maire Soilihi Ahmed et du conseiller général Ahamed Attoumani Douhina, et d’une partie de la famille ont incité à évoluer vers une inauguration. « Monsieur le préfet, vous venez de faire quelque chose d’inédit, mais c’est Mayotte dans son ensemble que vous honorez », remerciait Zaïdou Bamana. « C’est une chose inédite en effet que d’honorer un préfet élu », répondait Seymour Morsy.
« Quatre frères pas dans la même maison »
Un monument qui a ses détracteurs, que ce soient quelques religieux pour lesquels un mausolée n’est pas ancré dans la tradition mahoraise, ou des personnalités qui ont pu marquer un désaccord politique avec le M’zé.
Younoussa Bamana a en effet toujours été le partisan de l’indépendance de Mayotte par rapport à l’Union des Comores, sans nier ses liens de sang avec les trois autres îles: « nous sommes quatre frères, mais doit-on habiter dans la même maison ? », tout en prêchant une incontournable coopération, « tant que les autorités françaises et comoriennes ne la développeront pas, ça ne marchera pas ».
Et sans oublier, ainsi que le rappelle le site du Conseil général de Mayotte, l’homme n’était pas favorable à une intégration totale, « Je ne demande pas une départementalisation, une intégration totale, ce n’est pas possible ».
Qu’on l’apprécie ou pas, c’est une personnalité qui a tracé une voie à Mayotte, et dont on oublie peu à peu les propos. « C’est le deuxième volet dont on doit discuter avec la commune de Kani Keli, celui du projet d’un musée Bamana », indiquait Zaïdou Bamana. Il serait implanté à Kani Be même.
Avant d’aller plus loin, il va déjà falloir désigner le gestionnaire du site, la commune ou la famille, afin que l’ensemble dessiné par l’architecte David Cheycial, ne soit pas détérioré.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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