C’est la bonne nouvelle environnementale du jour : la vaste opération annuelle de nettoyage sous-marin de l’îlot Mbouzi a permis de ramener bien moins de déchets que les années précédentes. Un début de changement des comportements ?
Thomas Roussel était tout sourire aux commandes du bateau de la réserve nationale de l’îlot Mbouzi au moment où quatre clubs de plongées* et le parc marin s’apprêtaient à nettoyer les fonds sous-marins. «C’est comme recevoir du monde à la maison… et en plus on leur demande de faire le ménage !» s’amusait le garde qui assurait sa dernière mission avec les Naturaliste en charge de la réserve. Il s’apprête à rejoindre Nice pour une nouvelle aventure professionnelle.
C’était en revanche une première pour la nouvelle conservatrice, Fiona Roche, arrivée à Mayotte il y a quelques mois. Sur le ponton de Mamoudzou, le ton ferme et assuré, elle briefait les participants à cette 3e collecte sous-marine. C’est à nouveau la façade ouest de la réserve Mbouzi qui était visitée, celle qui fait face à Mamoudzou et aux courants qui charrient les déchets.
Une quarantaine de plongeurs amateurs emmenés par les clubs ainsi que les plongeurs professionnels du Parc naturel marin sont donc partis avec des sacs jusqu’à 12 mètres de profondeur pour débarrasser les fonds et les coraux de la pollution humaine. «Ce sont surtout des cannettes, des bouteilles en verre ou en plastique que l’on trouve, tout ce qui peut se remplir d’eau et couler. On a aussi trouvé un matelas en mousse, très lourd à sortir une fois chargée d’eau mais quasiment pas de chaussures ou de tongs qui ont tendance à flotter et qu’on retrouve plutôt sur les côtes», explique Johannes Chambon, agent de terrain aux Naturalistes.
Des déchets moins nombreux et plus anciens
Pour la réserve, en plus du nettoyage en lui-même, il s’agit de poursuivre inlassablement les opérations de sensibilisations mais aussi de suivre l’évolution de la pollution du lagon grâce à un remplissage minutieux de fiche de collecte. Et surprise : les côtes de Mbouzi sont beaucoup moins encombrées que les années précédentes. Les plongeurs ont remonté 12 pneus et 2300 litres de cannettes ou de plastiques.
«Depuis 3 ans, on peut dire que nous avons réussi à éliminer les stocks et les 4 opérations de nettoyage des côtes ont permis d’éviter à beaucoup de déchets d’être emportés vers les fonds avec les marées», se félicite Thomas Roussel. «L’autre bonne nouvelle, c’est que les déchets sont vieux, les canettes par exemple sont très abîmées. Bien sûr, ça les rend non-recyclables, ce qui est dommage, mais ça montre qu’il y a moins de déchets jetés dans la nature à Mamoudzou.» La mise en place du tri sélectif qui permet le déploiement de borne de collecte y compris sur les plages pour les cannettes et peut-être en train de porter ses fruits.
Passage de relai
C’est donc avec une certaine tristesse mais aussi avec le sentiment d’avoir participé à l’amélioration de l’état de la réserve de Mbouzi que Thomas Roussel va quitter Mayotte. La prochaine opération de nettoyage prévue en mars ou avril sera terrestre et elle sera menée par une toute nouvelle équipe. Autour de la nouvelle conservatrice, un nouveau garde et un nouvel agent de terrain prendront la relève pour continuer les nombreuses actions d’étude, de suivis, de police, de sensibilisation et d’aménagement de la réserve.
Et le succès de ces opérations de nettoyage amène naturellement à espérer que d’autres îlots bénéficient de la même attention pour améliorer durablement l’état de notre lagon.
RR
Le Journal de Mayotte
*Les quatre clubs de plongées engagées bénévolement dans l’opération de nettoyage : Hippocampe plongée, nautilus, Nyamba club et Maji Club
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