Dans ses réponses rendues publiques aux interpellations dont il fait l’objet des délégués du personnel d’IBS mais aussi des sous-traitants de l’entreprise, le préfet s’engage et dévoile les enjeux.
Nous ne sommes plus à un épisode prés de l’affaire Narayanin-d’Achery, depuis que ce dernier a obtenu l’expulsion du Réunionnais qui exploite une carrière à Kangani sur son terrain.
Mais cette fois-ci, il ne se joue pas à la barre du tribunal, mais dans l’arbitrage préfectoral. L’Etat n’a jusqu’à présent jamais fait exécuter la décision de justice, ce que Seymour Morsy a décidé de regarder de plus près.
Le vent du boulet se rapprochant, Théophane Narayanin, dit « Guito », s’est inquiété, et deux courriers signés par ses partenaires-sous-traitants, le Collectif 976 d’Eric Bugna, et par son personnel ont été envoyés au préfet. Ils y résumaient les inquiétudes quant à leur avenir propre.
Dans les réponses qu’il leur fait, le représentant de l’Etat dévoile les cartes pour couper court aux interprétations : oui, il suit bien l’affaire, oui il a discuté avec les dirigeants d’IBS de la « nécessaire application du jugement », et surtout, « M. Narayanin m’a écrit il y a quelques jours qu’il souhaitait qu’on avance ensemble, et je m’en réjouis ».
Rapport de forces
Deux éléments doivent selon Seymour Morsy rassurer les salariés, « cette entreprise pourrait continuer son activité ailleurs », sur un site proche à Longoni, mais aussi les entreprises sous-traitantes qui pourront également travailler avec le successeur d’IBS sur le site de Kangani, qui « donnera de l’emploi en plus et diversifiera les sources d’approvisionnement ».
Ces évolutions sont soumises à arbitrages, certains penchent du côté du préfet qui doit examiner l’instruction de la demande d’autorisation d’exploitation de Guito sur l’autre site dont il est propriétaire, mais aussi donner son aval au projet de filière agricole de Guito « Volaille Soleil Mayotte », d’autres sont favorables à l’industriel qui n’a cessé de se battre pour rester et qui aurait relevé un problème rendant caduque la décision d’expulsion.
On ne sait donc pas si les choses vont évoluer ou stagner. Surtout que depuis deux ans, de procès en procès, Théophane Narayanin met en garde l’Etat contre la situation duopolistique que laisserait son remplacement par le groupe Vinci à Kangani, et la société Colas, autre major du marché à Mayotte.
Le représentant de l’Etat termine ses deux courriers en rassurant les uns, et les autres, « le personnel sera reçu par la Direction du travail », et « une continuité dans l’emploi pour tous », « j’y veillerai personnellement (…) c’est une condition légale en cas de reprise d’activité ».
Il doit rencontrer de nouveau le directeur d’IBS dans les prochaines semaines.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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