Être plus performant sur les formations proposées aux jeunes, c’est un des objectifs d’une enquête en cours au vice-rectorat. Les jeunes issus des voies professionnelles reçoivent actuellement un questionnaire qu’ils doivent remplir et renvoyer. Un courrier semé d’embûches…
Pour la 3e année consécutive, les services statistiques du vice-rectorat de Mayotte lancent une enquête qui s’adresse aux jeunes en fin de parcours scolaire professionnel : « notre champ d’investigation touche l’insertion en emploi, et donc des jeunes sortis de première ou terminale professionnelles, et de BTS », explique Alain Niaba Ganga qui dirige le service statistique de l’académie.
Car il s’agit aussi de parfaire les stats, « de fournir à l’INSEE des chiffres qui peuvent les intéresser ».
Plus facile à dire qu’à faire en réalité. Car s’il s’agit d’une commande ministérielle dans le cadre d’un bulletin officiel spécial édité chaque année par l’Education nationale, à Mayotte, le contexte n’est pas le même qu’en métropole.
Alors que les services statistiques académiques comptent en moyenne 20 à 30 personnes, à Mayotte, c’est avec son collègue Bihakillahi Maïndhoi, qu’Alain Niaba Ganga doit mettre en place l’enquête sur l’insertion et la liaison formation-emploi.
Avec toutes les difficultés que suppose l’exercice ici : « nous devons contacter les élèves 7 mois après leur sortie du système éducatif, mais l’année dernière sur 1.500 envois, 20% nous sont revenus pour erreur d’adressage, et nous n’avons récolté que 15 à 20% de réponses ». Un volume insuffisant pour en déduire de quelconques données.
L’enveloppe est nominative et envoyée au domicile du jeune. Une enveloppe à affranchir était jointe pour la réponse, mais cette année, plus besoin de timbre, ce qui devrait augmenter le taux de réponses, « nous avons glissé cette année des enveloppes T, encore méconnues à Mayotte, qu’il suffit de fermer et de poster ».
Mais ces questionnaires du vice-rectorat sont diversement compris : « certains y voient une proposition d’embauche à la lecture de la rubrique CV express, quand il s’agit pour d’autres de lancer de véritables appels de détresse lorsqu’on leur demande de décrire leur situation actuelle », commente le statisticien.
Pour boucler malgré tout cette enquête qui doit permettre de mieux cibler les formations, plusieurs orientations sont à l’étude. Les 10 chefs d’établissements concernés vont être démarchés tout d’abord, pour qu’un travail d’explication soit mis en place avec les élèves avant la fin de chaque année, avec pourquoi pas, une séance de vulgarisation des statistiques à la clef.
Viser le bon cursus
Ensuite, une convention devrait être signée avec le CARIF-OREF (animation et information sur l’emploi et la formation) : « pour qu’ils assurent, comme en métropole, une relance téléphonique après l’envoi ».
Enfin, les parents sont sollicités : « ils doivent inciter leurs enfants à répondre. L’un d’eux nous a d’ailleurs contacté* ne sachant que faire du questionnaire, son fils poursuit ses études en métropole. C’est une réponse utile pour nous, il faut évidemment nous renvoyer l’enquête dans ce cas aussi ».
Autre objectif qui découlera de l’enquête : « les diplômes sont censés protéger du chômage. On va peut-être s’apercevoir qu’en réalité un bon CAP offre plus de garanties de recrutement qu’un Bac ou un BTS ».
Un gros effort est aussi à faire dans les communes sur l’adressage, beaucoup sont encore libellées en fonction de la rivière ou du baobab à proximité. « De leur côté, les établissements sont censés vérifier systématiquement l’adresse du jeune lors de son départ”.
Un questionnaire que chaque jeune doit s’approprier : « c’est aussi l’occasion pour eux de nous faire un retour sur leur formation, le positif et le négatif ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Services statistiques 0269 61 92 09
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