Créer une proximité entre les élèves et leur établissement de ramassage est un des objectifs de Matis pour éradiquer les actes d’incivilité. C’est aussi le lieu d’échanges où les élèves peuvent s’exprimer.
L’onde de choc de la secousse provoquée par le tribunal administratif a été digérée, la société Matis, groupe Mooland, qui gère à Mayotte le transport scolaire, poursuit ses missions. Le ramassage à bord de ses bus Halo bien sûr, puisque le marché ne sera véritablement cassé en juillet, avec un nouvel appel d’offres. Mais aussi, ses actions de prévention auprès des scolaires.
C’est un engagement pris lors de la rédaction du cahier des charges, et qui permet aux professionnels de montrer aux jeunes qu’ils transportent « l’envers du décor », comme le nomme le directeur Nicolas Rupert.
En dehors des missions habituelles de prévention et de sécurité dans les établissements scolaires, les Journées Portes ouvertes à Longoni sont un temps fort pour découvrir le dessous des cars… Pendant la semaine, les classes de collèges de Kawéni 1, de Mtsangamouji, de Tsimkoura et du lycée de Kahani, vont découvrir les installations et suivre un exercice d’évacuation d’urgence d’un bus, après avoir échangé en salle de réunion autour d’un film pédagogique.
« La faute des élèves »
Un scénario qui interpelle la classe SEGPA (Section d’enseignement général et professionnel) de K1 puisqu’il met en scène leur quotidien. Un voyage en bus, mais qui tourne mal, les bagarres des élèves ayant distrait le chauffeur. « C’est un fait réel ? », demande un jeune interloqué, pourtant très bavard quelques minutes avant. « C’est à cause des élèves ! », lâche une fille. L’information passe.
Ce qui déclenche des échanges, Rafioun Houmadi Charif, l’assistant d’exploitation en charge de l’information explique ce qu’est un angle mort, empêchant le chauffeur d’avoir une visibilité sur ce qui s’y déroule, « l’accident arrive ensuite plus vite qu’on ne le pense… Le bus le matin n’est qu’un moyen pour aller à l’école, pas un prétexte pour autre chose ».
Justement, sur le ramassage du matin, les élèves sont très bavards : du satisfait, « devant chez moi, il y en a plein qui passe », à la plus critique : « j’habite à Passamainty. Mais pour des cours qui commencent à 7 heures à Kawéni (deux quartiers de Mamoudzou, ndlr), le bus passe à 5h12. Je n’arrive pas à me lever à 4 heures, donc je vais à pied à Doujani pour attraper le bus de 6h30 ». Tandis qu’un troisième questionne : « pourquoi le bus n’entre pas dans les quartiers ? »…
Plaintes contre les élèves
Un ramassage à la carte n’est évidemment pas envisageable, « y compris pour des raisons de sécurité ». Et pour éviter les problématiques de dessertes, « nous organisons le planning en début d’année en fonction des adresses que vous nous avez fournies », explique Rafioun Houmadi Charif.
Quinze à vingt classes sont accueillies chaque année. Cette prévention est censée diminuer les actes d’incivilité par une prise de conscience des élèves. Des agressions pourtant en augmentation, qu’elles émanent de l’extérieur lors de caillassages, ou sur les chauffeurs à l’intérieur même de l’habitacle : « c’est à long terme que nous récolterons les fruits de ces actions », rassure Jonathan Morel, Responsable d’exploitation de la société Matis à Longoni.
Des plaintes sont fréquemment déposées contre des élèves, et le conseil de discipline qui se réunissait rarement, est désormais convié tous les 15 jours.
Les scolaires auront pu découvrir ce lundi matin le nouvel équipement de la société de transport : l’aire de lavage des bus, « avant, tout se faisait à la main », livrée cette année en janvier.
C’est en juillet que le marché sera cassé, et pourra être de nouveau lancé par le Conseil général qui devra proposer des lots plus restreints. Matis est bien sûr sur les rangs pour répondre, « en attendant, nous fonctionnons comme d’habitude ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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