La maire de Sada Anchya Bamana avait convié la presse ce mardi matin pour faire un point sur la crise que traverse l’équipe municipale. Sans majorité, la maire confirme sa volonté de faire face.
La meilleure défense, c’est l’attaque. Ce pourrait la maxime d’Anchya Bamana confrontée à une crise au sein de son conseil municipal, un nouvel épisode de la vie institutionnelle d’une commune habituée à l’instabilité et aux élections à répétition. Pourtant, cette fois-ci, pas question pour madame le maire de remettre son mandat en jeu. «Une Bamana, ça ne démissione pas ! », lance-t-elle en référence à son illustre père Younoussa.
Pour le maire, cette crise était prévisible dès la constitution de la liste. Elle affirme qu’à Sada, «le parti UMP, maintenant ‘Les Républicains’ (LR) appartient à un cercle de quelques personnes qui considère que le parti leur appartient». Anchya Bamana ne faisant «pas partie de ce cercle», elle n’aurait jamais eu la légitimité pour porter la liste.
Résultat, au sein de la majorité LR, 9 élus se sont désolidarisés dès le premier conseil municipal. «Le seul objectif de leur présence dans cette municipalité, et ils ne me l’ont jamais caché, c’est de perturber le fonctionnement normal du conseil municipal», pour la pousser à la démission ou pour «qu’aucun projet ne se fasse sous ma mandature», affirme Anchya Bamana.
Des “machos” à la manœuvre
Pour elles, ces élus “machos”, ne voudraient pas d’une femme à la tête de la commune. Ils n’auraient pas compris non plus que le temps de la campagne est terminé. «Nous sommes maintenant dans l’action, pour travailler pour l’intérêt général, pour l’intérêt des administrés de Sada et de Mangajou», martèle Anchya Bamana qui ne cesse de rappeler les projets qu’elle porte pour la commune.
La crise a connu quelques rebondissements ces dernières semaines. Lors du vote pour le budget, c’est un nouvel équilibre municipal qui a permis à la délibération d’être votée : 4 élus de l’opposition (la vraie) ont rejoint les rangs de la majorité. Mais depuis, une pétition pour demander la démission du maire, menée par les LR opposants a rassemblé 17 signatures sur les 33 élus que compte le conseil municipal.
De fait, l’équipe en place actuellement doit faire sans majorité… mais Anchya Bamana ne baisse pas les bras. Pour elles, certaines de ces signatures comme certaines démissions ne sont le fait que de solidarités ou de pressions. Et madame le maire compte bien faire revenir auprès de son équipe des élus «frondeurs».
La gestion passée en ligne de mire
Car pour Anchya Bamana pas de place aux doutes : les changements dans le «mode de gestion» de la commune sont également en cause. Et le maire de dénoncer les agissements passés avec «une distribution de bons de commandes à tout va, une vraie cavalerie financière» ou encore les «embauches politiciennes» d’une armada de fonctionnaires de catégorie C (90 agents municipaux sur 98) alors que la ville fait face à un manque cruel de cadres.
Ce sont aussi les chantiers jamais achevés comme la MJC de Mangajou, «en travaux depuis 8 ans» et qui est en ruine avant d’avoir été achevée, que dénonce le maire.
Elle met, en revanche, en avant les projets qui ne doivent pas être bloqués par cette crise : l’assainissement «véritable priorité sanitaire», la mise en place d’un centre communal d’actions sociales (CCAS), la politique de la ville ou encore la création d’une cuisine centrale pour les écoles des communes de Sada, Chiconi et Ouangani. «Il faut que les 17 personnes qui ont signé ne bloquent pas la commune et changent d’avis», plaide la maire.
Un «problème de parti»
Finalement, c’est bien de petite politique politicienne dont il est question. «C’est le silence complet du côté de l’UMP Mayotte», affirme Anchya Bamana qui a des contacts avec le président du conseil départemental et le sénateur de Mamoudzou mais pas avec l’ancien député Mansour Kamardine, les trois personnalités assurant une présidence collégiale du parti.
«Si je démissionne demain, vous pensez que si on refait des élections Les Républicains gagneraient ?» demande Anchya Bamana. «C’est un problème de parti et on prend le risque de perdre la commune», justifiant ainsi la présence des maires de Tsingoni et de Kani-Kéli à son point presse.
L’équilibrisme à la recherche d’une majorité est donc loin d’être terminé. «Tel que c’est parti, ça va continuer comme ça pendant toute la mandature», conclut madame le maire. Comme son père en son temps, Anchya compte bien prouver à qui en douterait qu’une Bamana, ça ne renonce effectivement jamais au combat.
RR
Le Journal de Mayotte
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