La métropole et La Réunion font face à une pénurie de vaccins du BCG contre la tuberculose. La mobilisation du CHM et de l’ARS permet à Mayotte d’y échapper. L’industrie pharmaceutique est pointée du doigt.
La pénurie de vaccins du BCG devient une réalité dans l’océan Indien. La situation est prise très au sérieux car le BCG (bilié de Calmette et Guérin) est le vaccin contre la tuberculose.
Comme la métropole, les deux départements de notre région sont concernés alors que les ruptures frappent un très grand nombre de pays depuis quelques mois. Ces problèmes d’approvisionnement frappent également les vaccins visant à prévenir d’autres pathologies : la coqueluche, la diphtérie, la polio et le tétanos.
A Mayotte, pour le BCG, l’alerte a été lancée dès le premier trimestre. Notre département, comme la Guyane et l’Île-de-France, est dans une situation particulière. La région parisienne et les deux DOM sont considérés comme des zones à risque. La tuberculose est en effet présente de façon relativement faible mais constante dans notre département. Ces dernières années, les cas oscillent entre 26 en 2010 et jusqu’à 39 en 2011. L’an dernier, 37 patients de Mayotte ont été diagnostiqués.
Alors que les stocks sont gérés de façon très précautionneuse à l’échelle nationale, la mobilisation des équipes du CHM et de l’ARS (agence régionale de santé) a permis de faire valoir notre situation particulière et ainsi de prévenir toute rupture pour assurer une couverture vaccinale continue. Et malgré les réserves nationales réduites, l’approvisionnement a été assuré.
La Réunion en rupture
Ce n’est pas le cas à La Réunion où les pharmaciens font état d’un déficit. Mais l’île Bourbon n’est plus considérée comme une zone prioritaire du fait d’une bonne situation épidémiologique. Là-bas, la vaccination est recommandée mais plus obligatoire.
Les Centres de Lutte antituberculeuse disposent néanmoins d’un stock minimum. Depuis janvier, la distribution y est rigoureusement encadrée mais consigne a été donnée de fournir en priorité les PMI et la cellule de lutte anti-tuberculeuse (CLAT).
Pour les enfants à risque non vaccinés, si la vaccination ne peut être réalisée très tôt, elle peut intervenir jusqu’à l’âge de 15 ans, selon le Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales.
Une demande mondiale non anticipée
A Mayotte, les services de santé doivent travailler avec les contraintes de l’approvisionnement insulaire et ils sont habitués à prévenir des ruptures de stocks en jonglant entre les approvisionnements en bateau ou en avion pour assurer la continuité du service public de la santé. Mais en métropole, évoquer une rupture est une situation très inhabituelle.
La cause d’une telle situation, «une demande mondiale plus importante», selon la Direction de la surveillance de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament. La coqueluche, par exemple, vient en effet d’être intégrée au programme de vaccination obligatoire de certains pays provoquant une demande nouvelle qui n’a pas été anticipée par les laboratoires.
Longs délais de fabrication
Mais l’inquiétude porte aussi sur des pénuries de «souches» permettant la fabrication des vaccins. Problème : les impératifs de production prennent plusieurs mois et parfois même jusqu’à deux ans, car cette fabrication s’effectue par lots et la commercialisation ne peut intervenir immédiatement. Il faut d’abord s’assurer de la fiabilité de ces lots de vaccins.
Cette situation de pénurie est dénoncée par de nombreux observateurs qui accusent les méthodes de l’industrie pharmaceutique, accusée d’orchestrer des pénuries pour augmenter les prix de ces produits. C’est le cas de Michèle Rivasi, députée européenne EELV, qui dénonce de nouveaux surcoûts : «Pour la Sécurité sociale ça coûte beaucoup plus cher car on passe de 6,50 euros le vaccin DTP (diphtérique, tétanique et poliomyélitique) à plus de 40 euros.»
RR
Le Journal de Mayotte
avec le JIR
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