Dans le cadre de ses ateliers thématiques, la Cité des Métiers du conseil départemental proposait une information sur les dispositifs d’accompagnement des créateurs d’entreprise. On aurait presque été tenté d’y voir une opération redondante si le public n’avait témoigné une forte attente. Et une solution aux maux économiques du territoire pour son organisateur.
Comme à la boulangerie, il fallait faire la queue pour consulter les conseillers mis à disposition. Ali Manrouf a entendu le spot à la radio. A 48 ans, ce demandeur d’emploi qui a baroudé 20 ans dans le BTP, est déterminé à créer son propre emploi. Mais il n’a jamais entendu parler de la Couveuse ou de la BGE (Boutique de gestion) : « je voudrais créer une entreprise dans la Voierie et les réseaux divers mais je n’ai pas assez de financement. Je viens me renseigner sur les aides. »
Dhoirifat Saïd Ridhoine est mieux renseignée. Après être passée par l’Adie, «mais je n’aurais pas les moyens de rembourser un prêt», avoir suivi une remise à niveau avec ACE, « notamment en informatique », elle a surtout besoin d’y voir clair, « je ne veux pas reculer dans ma démarche. » Elle a déjà un local pour sa boutique de vêtement, d’accessoire et de boisson, et un extrait de K-bis. Et c’est satisfaite qu’elle ressort des entretiens, « on va m’aider à monter un dossier. »
Ce thème en direction des créateurs d’entreprise, c’est Ibrahim Badrouzamani, Chargé des ateliers thématiques à la Cité des Métiers, qui l’a choisi en fonction des retours du public accueilli en accès libre durant la semaine : « Et qui fait suite par le plus grand des hasard à la semaine de campagne jeunes de l’Adie et la communication sur le droit au travail des femmes. »
700 millions d’euros à consommer
Il a sélectionné les intervenants en fonction des besoins : la Chambre de Commerce et d’Industrie « pour les démarche administratives », l’Adie « parce qu’ils sont les pionniers du micro crédit en France », le conseil départemental, « pour l’orientation vers d’éventuelles subventions », quant à la BGE, elle n’était pas disponible. Une matinée réussie puisque 31 visiteurs ont pu bénéficier de conseils avant de lancer leur entreprise.
La création d’entreprise est encore mal valorisée selon Ibrahim Badrouzamani, qui espère pouvoir « rassurer », « d’autant que je suis très optimiste sur le développement de Mayotte ». Deux raisons majeures selon lui : l’une empirique, « la situation est telle qu’on ne peut qu’aller mieux demain », l’autre plus factuelle, « les 700 millions d’euros de fonds CPER et européens qui nous attendent. » Encore faut-il avoir les compétences pour les consommer. « C’est pourquoi les Mahorais doivent être acteurs de leur propre développement et impulser la richesse à travers la création de leurs propres emplois. »
Le planning qu’il a élaboré a permis la tenue d’une conférence-débat sur l’illettrisme le mois dernier, et « un focus sur l’emploi des personnes handicapées le mois prochain » ainsi que d’autres thèmes au Planning des ateliers de novembre 2015, et des ateliers de décembre 2015. Avec notamment une visio conférence avec la Guyane, la Guadeloupe et La Réunion, pilotée par la Cité des Métiers de Paris, qui nous emmènera au Canada, ou en Taïlande, pour vendre l’idée qu’on peut aller travailler ailleurs que dans nos îles ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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