REVUE DE PRESSE. C’est un cri du cœur qui déchire la presse de l’océan Indien ce jeudi. La Tribune de Madagascar se demande pourquoi rien ne semble épargné à la Grande Île, accablée, encore une fois, par tant de malheurs.
«Sur le plan climatique, aussi bien les pluies diluviennes dans le Nord que la sécheresse dans le Sud causent des dégâts énormes sur le plan humain, social et économique sans oublier la catastrophe écologique». Le journal, reprenant les chiffres officiels du Bureau malgache de gestion des risques et catastrophes (BNGRC), annonce quelque 700.000 personnes touchées par le «kere» (la faim) dans le Sud où «il n’a pas plu depuis le mois de mars». Dans le Nord, 30.000 personnes sont sinistrées en raison des fortes pluies, avec des risques d’inondations ou de glissements de terrains.
Certes, la mobilisation est «renforcée» avec, par exemple hier mercredi 3 février, une réunion de coordination de la prévention des catastrophes, présidée par le Premier ministre Jean Ravelonarivo en collaboration avec plusieurs organismes internationaux. Trois drones ont été offerts par l’UNICEF, annonce la Tribune dont un destiné à la partie nord-ouest du pays affectée par les intempéries.
«Les catastrophes naturelles et l’effondrement des grandes infrastructures figurent parmi les risques les plus importants auxquels chaque ville doit formuler des dispositifs de prévention et de réponses. (…) La dernière inondation catastrophique à Madagascar remonte en 1959, tandis qu’une inondation sévère survient environ tous les cinq ans, pour le cas d’Antananarivo. L’une des sources possibles d’inondation catastrophique serait les ruptures des grandes infrastructures, comme les barrages.»
La peste fait encore de nombreux morts
Mais d’autres catastrophes, moins spectaculaires, frappent déjà le pays, en particulier sur le plan sanitaire. Ainsi, l’Express de Madagascar annonce que 68 personnes sont mortes de la peste en 5 mois dans le pays. Et «l’épidémie continue à se propager», déplore le journal avec 180 malades diagnostiqués l’an dernier et encore 21 nouveaux cas en janvier 2016 et 4 décès suspects.
«Le ministère est quand même convaincu que cette épidémie commence à s’atténuer», indique le journal et la remise de matériels et de médicaments pour un million de dollars, par la Banque Africaine de Développement et l’OMS, permet d’espérer. L’objectif est d’atteindre zéro décès en 2017.
D’autres maux, encore, frappent le pays, comme les enlèvements devenus une véritable industrie. A Tamatave (Toamasina), 5 personnes ont été incarcérées dans l’affaire du rapt des 2 enfants d’un opérateur de la filière bois précieux en novembre dernier. Parmi eux, on trouve une femme et un agent pénitentiaire qui rejoignent ainsi les 36 inculpés dans ce dossier, tous placés sous les verrous, dont un magistrat en exercice, arrêté chez lui le 22 janvier.
Des politiques politiciens
Et pendant ce temps-là, les politiques s’occupent… de leurs places. «Le prochain remaniement agite les politiciens de tout bord», indique la Tribune.
«Beaucoup espèrent un chamboulement de fond au comble de l’Exécutif vu la mauvaise performance de ce dernier», explique le journal «et les pratiques politiques habituelles refont surface, dont notamment la proposition de poste de Premier ministre et/ou ministres par des associations et partis politiques. Ceci pour justifier que ce n’est pas l’intéressé qui a soif du pouvoir mais ses partisans».
«Evidemment, les actuels membres de l’Exécutif ne vont pas rester le bras croisés et vont défendre bec et ongle leurs sièges», relève la Tribune. Un poste semble tout de même sur la sellette, celui du ministre de l’environnement «qui n’a pas pu stopper le trafic de bois de rose et (qui est) ouvertement mis en cause par la CITES», la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.
C’est donc bien plus les maroquins que la situation du pays qui semble compter : «les politiciens ne dormiront pas tranquille dans les semaines à venir», affirme la Tribune.
Banques et téléphonie se portent bien
Malgré tout, l’économie du pays avance, un peu, comme en témoigne les bouleversements dans le secteur bancaire. «Le ‘mobile-banking’ braque le marché», remarque l’Express. La clientèle est toujours plus nombreuse à passer par son téléphone portable pour «les règlements de fournisseurs, l’envoi et le transfert d’argent, le paiement des salaires du personnel, les règlements à la caisse et ceux des factures».
Si «Les sociétés de téléphonie mobile sont satisfaites», les banques classiques ne sont pas en danger et restent les établissements de référence en particulier pour les transactions immobilières ce qui a permis à la Bank of Africa (BoA) d’ouvrir 8 nouvelles agences dans le pays en 2015… Ainsi va le monde.
RR
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