Avec un déficit proche des 12 millions, soit 4 de plus que prévu, le CHU de la Réunion achève 2015 une nouvelle fois dans le rouge. Le déficit approche la barre des 2% pour un budget qui avoisine les 620 M€. C’est ce que révèle le site professionnel «hospimédia» qui revient en détail sur la situation du centre hospitalier universitaire réunionnais et qui note que Mayotte n’est pas étrangère à cette situation.
Certes de nombreux éléments propres au CHU conduisent à ce déficit mais «l’impact de son appui régional à la couverture sanitaire de Mayotte, qui ne cesse de s’accroître» commence à peser, expliquent nos confrères. Ainsi, La Réunion se retrouve à supporter en 2015 près de 2 millions d’euros de créances non couvertes au titre de l’aide médicale d’État. L’AME n’est en effet pas en vigueur à Mayotte. Et lorsque des patients non-assurés sont transférés, le CHU se retrouve confronté aux problématiques… du CHM.
Toujours plus d’EvaSan
Il faut également ajouter l’impact budgétaire des évacuations sanitaires au nombre de 800 en 2015 et qui «devraient atteindre sous peu les 1.000». Même si le coût de ces EvaSan reste difficilement quantifiable, «il est toutefois certain qu’il pèse en négatif sur les comptes du CHU». D’ailleurs, la chambre régionale des comptes le pointait du doigt en juin dernier… Mais c’est le prix à payer d’investissements importants à La Réunion et bien plus modestes à Mayotte.
Et un nouveau mode de calcul de la prise en charge des assurés sociaux mahorais pourrait également plomber un peu plus les comptes réunionnais. Désormais, les hôpitaux de La Réunion appliquent aux Mahorais une «tarification journalière en groupe homogène de séjour» (GHS). Ces tarifs forfaitaires servent de base au remboursement de l’hôpital par l’assurance maladie et les mutuelles. Ils pourraient engendrer, selon les calculs du CHU, quelque 7 millions d’euros de pertes de recettes supplémentaires.
Une proximité toujours plus importante
Pour autant, à La Réunion, pas question de ruer dans les brancards! Le rapprochement des hôpitaux de Mayotte et de ceux de La Réunion va se poursuivre et même s’intensifier. Nos deux îles vont en effet être liées par GHT, un groupement hospitalier de territoire. Annoncés par la loi de santé de Marisol Touraine adoptée en avril 2015, ces GHT sont un nouvel outil qui vise à intensifier la collaboration entre établissements. Les hôpitaux ainsi associés doivent présenter un projet médical partagé pour organiser, ensemble, la prise en charge des patients en intégrant toutes les spécialités et en déterminant les activités à mutualiser. C’est également l’occasion de déterminer les manques en termes de prises charges à l’échelle du territoire.
Tous les hôpitaux ont jusqu’au milieu de cette année pour mettre en œuvre leur groupement et le GHT Réunion-Mayotte est déjà bien sur les rails. Alors qu’un comité stratégique est déjà en place, l’ARS (agence régionale de santé) a alloué un financement pour sa préfiguration.
Ce sont ainsi trois postes de directeurs de projet qui sont créés, chacun chargé de sujets très précis. Un premier aura la responsabilité du projet médical partagé. Le second portera le développement de la chirurgie ambulatoire (lorsque les patients quittent l’hôpital après une intervention sans y passer une nuit) et du pilotage d’un bloc opératoire commun.
Enfin, le 3e directeur travaillera sur la convergence des systèmes d’information et la formalisation d’un département de l’information médicale de territoire.
La Réunion vise l’équilibre
Le CHU a déjà acté un plan de retour à l’équilibre. Il prévoit le non-remplacement des départs en retraite hors soins et la poursuite de la mutualisation des achats. Quant aux investissements, le CHU espère tirer profit de fonds européens (Feder) qui sont sans commune mesure avec ce que nous connaissons à Mayotte : l’enveloppe destinée à La Réunion est de… 2,2 milliards d’euros! L’hôpital en espère un petit morceau.
Mayotte devrait donc continuer à tirer profit des infrastructures et des personnels soignants de sa voisine. Le nombre d’internes ne cesse d’y croitre pour atteindre 180 et 4 nouveaux postes de professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) seront créés en septembre, portant à douze leur nombre total.
De nouvelles spécialités seront ainsi couvertes ou renforcées dans la région, en particulier celles liées aux maladies rénales ou au diabète.
Si en matière économique, Mayotte exporte peu, il semble évident que ses patients vont, eux, être amenés à voyager de plus en plus souvent.
RR
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