Depuis l’affaire Cahuzac, tout le monde sait ce que nos parlementaires nous réservent. L’Assemblée nationale a mis en ligne le détail du fractionnement de la réserve parlementaire. Cette transparence nouvelle permet de se faire une idée de l’utilisation de cette manne issue d’une tradition bien opaque de la Ve République.
Chaque député dispose d’une enveloppe de près de 130.000 euros pour soutenir des projets ou des actions, selon leur bon vouloir. Mayotte peut donc prétendre à 260.000 euros… de quoi faire saliver de très nombreuses structures qui seraient ravies d’en bénéficier d’une petite partie.
Pourtant, si Ibrahim Aboubacar, le député du sud (2e circonscription), a bien utilisé l’intégralité de sa réserve, ce n’est pas le cas de Boinali Saïd. Le député du nord et de Petite Terre (1ère circonscription) n’a utilisé que 69.000 euros, laissant donc 61.000 euros s’envoler de sa cagnotte.
La pratique de la réserve, apparue au début de la Ve République, présente du point de vue de l’élu l’avantage «de maintenir un lien entre sa fonction et la circonscription.» Le député estime en effet souvent que ses électeurs le sentent souvent très loin d’eux, passant plus de temps au Palais Bourbon qu’à côté des acteurs de terrain. D’où la création de ce dispositif destiné à appuyer les projets lancé dans sa circonscription.
28 structures aidées par nos députés
Jamais publiée dans le détail avant l’affaire Cahuzac, l’enveloppe des députés a nourri -parfois à juste titre- bien des suspicions de clientélisme ou a recélé des situations de conflits d’intérêts. Devenue plus transparente depuis 2013, avec la loi sur la moralisation et la transparence de la vie publique, chacun peut tenter de se faire sa propre opinion sur la façon dont son député l’utilise.
En 2015, ce sont 28 structures qui ont été soutenues par nos députés, 21 pour Ibrahim Aboubacar et 8 pour Boinali Saïd, les deux députés ayant chacun apporté 1.000 euros à la ligue de l’enseignement.
Boinali Saïd a fait le choix très personnel de n’aider que les régies de territoires. Ces structures ont pour objectif d’élaborer des projets pour appuyer le développement économique, social, ou culturel de la zone qu’elles couvrent, avec un mode de fonctionnement très participatif. Le député a ainsi aidé celles de Bandraboua, Mamoudzou et Labattoir à hauteur de 5.000 euros, celles d’Acoua et Koungou pour 10.000€, la régie Mtsamboro pour 15.000 euros et enfin celle de Mtsapéré pour 18.000€.
Sport, éducation, insertion, environnement, santé
Les choix ont été bien plus classiques pour Ibrahim Aboubacar. Les 21 projets qu’il a soutenu ont bénéficié de sommes allant de 3.000€ à 14.000€. Six projets concernent le sport, on y trouve par exemple l’AS Neige de Malamani, ABS, l’Etoile Hapandzo ou les clubs de Mtsangamouji (Tchanga football et handball). Six autres dons ont été attribués à des structures d’éducation ou d’insertion, quatre pour des associations culturelles.
Deux concernent la santé, deux autres l’environnement. Enfin, le député a accordé une somme de 5.000 euros à la FAMM, la fédération des associations des Mahorais de métropole et 10.000€ à l’UNEF pour des actions envers les étudiants de Mayotte et d’Outre-mer.
Quant à la répartition géographique, souvent observée pour s’assurer que l’élu ne favorise pas (trop) sa ville d’origine, elle est assez homogène, avec 9 villages concernés, certains projets ayant un intérêt pour l’ensemble du département ou pour les «Mahopolitains». On peut tout de même noter que Sada sort légèrement du lot avec 5 projets aidés par le député originaire de la commune.
RR
remi@jdm2021.alter6.com
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