Ce matin, le vice-rectorat a envoyé à ses chefs d’établissement un ordre rarissime, celui de confiner les élèves dans leur établissement respectif. La vice-recteur Nathalie Costantini revient sur le déroulé des évènements : « A la suite de l’extension des émeutes, notamment de Doujani vers le rond-point du Baobab dans la matinée, nous avons pris la décision d’un confinement généralisé sur l’île, pour ensuite le restreindre aux établissements concernés, à Cavani, Doujani et Bamana », retrace Nathalie Costantini.
Une fois les informations plus rassurantes tombées de la préfecture, la mesure a été levée pour permettre aux élèves de rentrer chez eux. Des conditions de travail difficiles pour les élèves comme pour les enseignants, surtout que le principal du collège de Doujani et son adjoint ont vécu de prés la nuit de cauchemarde d’hier : « Ils se sont retrouvés en face de bandes de jeunes qui descendaient armés notamment de tronçonneuses. » Elle évoque la crainte croissante des familles de laisser leurs enfants partir pour l’école.
Pas de repas aujourd’hui
Si la situation a été à peu près gérée aujourd’hui, ce sera plus difficile demain : « Tous nos établissements seront ouverts, mais Panima qui avait pu livrer les repas avant-hier au soir, n’a pu le faire aujourd’hui, notamment en raison de problèmes d’approvisionnement de leur entreprise. » On sait que ce repas est souvent le seul que prennent les enfants à Mayotte.
La vice-recteur compte bien assurer le rôle qui lui est confié d’assurer le service public d’enseignement dans les écoles, collèges et lycée, « mais pas à n’importe quel prix. » Dans un communiqué transmis aux enseignants, elle souligne l’implication des professeurs « dans ces moments d’extrême gravité. Mais cette nécessité ne peut contraindre aucun d’entre vous à prendre des risques inconsidérés pour se rendre sur son lieu de travail. »
Des concours ont pu se tenir malgré tout
La représentante de l’Education nationale parle d’une situation « difficile, mais j’irais aussi jusqu’à dire qu’elle est dramatique pour les enfants de ce territoire, pour tous les personnels engagés et qui essaient au mieux de mettre leurs compétences au service de Mayotte. »
Des examens se tiennent malgré tout actuellement à Mayotte, en tout cas pour les candidats qui parviennent à s’y rendre : « les concours nationaux de CAPET et CAPES se sont déroulés hier et aujourd’hui sans problème, à l’exception du CAPET Arts appliqués qui a été annulé hier au soir par le ministère, sans aucun rapport avec la situation locale. »
Des compétitions sportives annulées
Mais la période des examens généraux approche, « il va falloir que ces tensions cessent, notamment en raison des évaluations des Travaux pratiques encadrés et les oraux de langues pour le Bac », conclut Nathalie Costantini.
Quant aux bus scolaires, difficile pour les transporteurs de rallier les établissements, “c’est le rond point de Doujani qui est bloquant”, explique l’un d’eux. Les petits transporteurs n’arrivent pas non plus à assurer les liaisons entre le ramassage aux barges et les établissements scolaires. Pour Nicolas Rupert, à la tête de la société Matis, c’est un casse-tête quotidien: “On fait de l’intrazone: les bus restent dans la même zone au sein de laquelle ils desservent les établissements. On tâche d’amener le plus possible d’enfants dans les écoles, mais c’est une réadaptation quotidienne du plan des transports depuis 12 jours…”
En ce qui concerne le sport scolaire, les compétitions prévues aujourd’hui mercredi, “dont les finales académiques et les qualifications pour le Grand Raid du Centre “, rapporte Hervé Curat, directeur de l’UNSS Mayotte, qui dit comprendre les revendications, mais attristé pour les jeunes “qui se sont entraînés toute l’année”. Les compétions à visée nationale sont également menacées, “mais nous reportons pour l’instant les entraînements les samedis.”
Chacun utilise donc le système D pour tenter de poursuivre ce qui a été mis en place depuis le début de l’année.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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