L’hôpital dépense des millions d’euros chaque année pour faire venir des médecins, des sages-femmes et d’autres personnels originaires d’autres départements pour pallier le manque de personnel. Si certaines de ces personnes s’installent sur l’île, un grand nombre fait des séjours de remplacement de trois mois ou des séjours de quelques années puis rentrent en Métropole ou ailleurs.
Ces remplacements coutent cher au CHM. L’autre point de dépense exorbitant pour l’hôpital, ce sont les évacuations sanitaires. Des millions d’euros pour envoyer les patients à La réunion ou en Métropole parce que Mayotte ne dispose ni des plateaux techniques ni du personnel pour les soigner sur place.
L’autre constat donc est le manque d’infrastructures hospitalière dans notre île. Face à cette réalité, la Cfdt, a enjoint les autres syndicats de l’hôpital à réfléchir sur l’offre de soin à Mayotte, et «attirer l’attention des élus sur ce qui se passe, notamment ceux qui siègent dans les conseils d’administration», explique Ousseni Balahachi, le secrétaire départemental de la Cfdt.
Un plan du très court au long terme
Le sénateur Thani Mohamed Soilihi, Issa Abdou, le quatrième vice-président du conseil départemental en charge du social et de la santé, et le conseiller départemental de Mamoudzou Chihaboudine Ben Youssouf ont assisté à la rencontre. D’autres responsables politiques ont également été conviés mais n’ont pas pu être présents à ce moment de réflexion.
Réunis dans la salle du conseil de surveillance de l’hôpital pour établir le diagnostic, mais aussi pour réfléchir à un plan sur le très court, moyen et le long terme, les protagonistes ont tous dressé un même constat.
Les discussions ont porté sur trois thèmes: «en premier, les difficultés des agents hospitaliers à faire correctement leur travail ‘à cause de la surcharge’” explique Ousseni Balahachi. Pour le syndicaliste, «aujourd’hui le sujet n’est plus tabou, notamment le fait que le flux migratoire est trop important par rapport au nombre de personnel médical ou paramédical. Les patients sont accueillis dans des mauvaises conditions» expose-t-il aux élus. Le syndicaliste estime encore que les autorités sanitaires à Mayotte «ont toujours refusé de voir cette réalité».
“Le bloc opératoire, cette charcuterie”
Les élus présents à l’instar du sénateur Thani Mohamed Soilihi veulent connaître les urgences par rapport à la situation. Dhoimrati Mtrengouéni de Force Ouvrière mais aussi représentante des usagers du CHM ne mâche pas ses mots: «Il faut changer la charcuterie qui est là», lance-t-elle en parlant du bloc opératoire. «C’est cru, mais c’est douloureux, le bloc opératoire, je le mets en numéro 1».
Les paroles de la représentante des usagers rendent compte d’une réalité: «Aujourd’hui, si je dois être opérée, si je peux prendre l’avion, je préfère aller à La Réunion». Effectivement, beaucoup de Mahorais choisissent La Réunion voire la Métropole pour se faire soigner ou pour accoucher, après avoir perdu en partie confiance dans leur hôpital et ses soignants.
Des Mahorais dans les professionnels de santé
Pour Aynoudine Salime, conseiller départemental de Mtsamboro et cadre supérieur au CHM, il faut aussi recruter du personnel mahorais. «Des médecins, des sages-femmes, des aides-soignants, des infirmiers mahorais nous en avons beaucoup, ils travaillent ailleurs et il faut aller les chercher, comme quand on a voulu ouvrir l’IFSI ici», se remémore-t-il. Faut-il encore que ces personnes aient envie de rentrer dans l’île. L’actualité mahoraise avec son lot d’agressions, de cambriolages, d’insécurités ainsi que les écoles jugées de mauvaises qualités n’attirent pas.
«La colonne vertébrale de la rencontre», selon Issa Abdou, c’est la formation. Former des jeunes mahorais pour avoir des médecins et des cadres mahorais, un souhait formulé par tous. Mais maintenant comment y parvenir? L’idée d’un numerus clausus pour les élèves de Mayotte est avancée, mais la crainte est d’être noyés dans la région Océan-Indien et donc que La réunion récupère les places. «En cas de groupement Océan-Indien, il faut s’assurer que Mayotte ait sa quote-part sinon on aura rien», estime Aynoudine Salime.
Le diagnostic a été établi, maintenant il faut trouver les remèdes face à une situation de plus en plus critique, autant pour le personnel hospitalier que pour les patients.
K.A
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