Le marché des télécoms à Mayotte comme à La Réunion est au bord de profonds bouleversements. En septembre, l’Arcep, l’autorité des télécoms, doit attribuer les licences 4G. Dans l’ensemble des DOM, 25 candidatures ont été enregistrées et 4 pour Mayotte: Orange, SFR (groupe Altice), BJT Partners… et Iliad (Free) à travers sa filiale Telco OI dont l’arrivée possible sur le marché pourrait changer profondément le paysage de la téléphonie.
Le bouleversement du secteur risque non seulement de rebattre sérieusement les cartes entre opérateurs, mais d’avoir aussi de lourdes conséquences sur l’emploi. L’inquiétude des syndicats a été renforcée mardi à l’annonce d’une possible suppression d’un tiers des effectifs chez SFR à l’échelle nationale d’ici 2019, soit 5.000 postes. Pas de chiffrage précis pour l’océan Indien, à Mayotte et à La Réunion pour l’instant, mais les salariés de SFR Réunion ne cachent plus leur crainte.
«Nous serons évidemment concernés. Depuis le rachat par Numericable en 2014, la pression ne cesse d’augmenter sur le personnel et les conditions de travail se dégradent. Les départs ne sont pas remplacés: on demande de plus en plus de polyvalence aux salariés. Le nombre de contrats pro a augmenté en flèche. En moins de deux ans, 40 à 50 personnes ont quitté l’entreprise», s’alarme Christine Singa, déléguée syndicale CGTR à SFR.
Un plan de départ volontaire pour la fin de l’année
Patrick Drahi, le patron d’Altice-Numéricable la maison-mère de SFR, avait promis lors du rachat de l’opérateur au carré rouge de ne pas supprimer d’emplois durant 3 ans, soit jusqu’au 30 juin 2017. Selon les informations de nos confrères du Monde, un plan de départs (PDV) devrait pourtant être ouvert avant la fin de l’année dans les filiales de distribution car la direction considère que les 3.900 salariés des boutiques sont «hors périmètre», trop éloignés du cœur de métier de l’entreprise. Au total, plus de 1.000 personnes pourraient être concernées par ce plan. Toujours selon le journal Le Monde, la direction aurait indiqué que les premiers départs pourraient avoir lieu dès novembre.
Le 29 juin, la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale avait auditionné Michel Combes, PDG de SFR, sur le maintien des emplois. Le député Philippe Naillet avait alors demandé si l’opérateur respecterait ses engagements aussi dans l’océan Indien. «En termes d’emploi et de déploiement de nos infrastructures, nos engagements sont aussi valables pour la Réunion (et donc Mayotte, filiale commune, ndlr). Mais (…) est-ce vraiment raisonnable de vouloir forcer quatre opérateurs mobiles dans les Dom? Il n’y a pas un territoire au monde de la même taille qui s’amuse à avoir quatre opérateurs», avait rétorqué Michel Combes.
Et de fait, si 4 candidats se sont présentés pour la 4G à Mayotte, l’Arcep a indiqué qu’elle pourrait attribuer jusqu’à 4 licence par département ultramarin.
L’attente
Dans l’océan Indien, c’est Orange qui compte le plus de salariés (1.000 à la Réunion et Mayotte). Il est suivi par SFR qui emploie quelque 390 personnes. Pour l’instant, Only, qui doit basculer Free en fin d’année, fait travailler 170 salariés. Au total, les opérateurs des deux départements emploient donc environ 1.700 personnes (en rajoutant Zeop à La Réunion). A cela s’ajoutent plusieurs centaines d’emplois chez les fournisseurs et sous-traitants.
«Pour l’instant, nous sommes dans l’attente. Le lancement de la 4G va évidemment déclencher une forte concurrence entre opérateurs. Les consommateurs vont pouvoir profiter de tarifs attractifs, mais tirer les prix vers le bas aura nécessairement un impact social en 2017. Nous avons bien vu ce qui s’est passé en métropole», indique Philippe Arnaud, président de Digital Réunion, association des professionnels du numérique de la Réunion. Il faudra attendre la fin de l’année pour en savoir plus.
RR, le JDM
Avec le JIR.
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