« Où habitez vous ? », « la deuxième maison à droite après le manguier ». D’accord, on va perdre en pittoresque, mais c’est pour lutter contre ce genre d’approximation qui font perdre du temps à leurs facteurs, et du courriers aux habitants, que La Poste s’évertue à noter, route après rue, maison après immeuble, les noms et numéros qui fixe nos habitations.
Lorsque nous avions contacté la direction de la Poste, en octobre 2015, le taux moyen d’adressage était de 20% à Mayotte. « Nous en sommes à 40% maintenant », déclare Christian Montès, le Directeur de La Poste Mayotte, que nous avons rencontré dans son antre de l’immeuble dont le rez-de-chaussée et les étages ont été désertés par le tribunal. Ils vont d’ailleurs déménager eux aussi pour l’immeuble voisin.
Et ce n’est pas un effet d’annonce, histoire de prouver qu’il y a eu progression : « Cela s’explique par l’adhésion de la mairie de Mamoudzou, avec ses 7 villages, à notre offre d’adressage », explique Jean Rivo, Directeur des activités courrier et colis. Une prise de conscience généralisée des élus, à les entendre : « Ils réalisent que ce n’est pas seulement une affaire de courrier, mais notamment de sécuriser les arrivées des services de secours, comme les pompiers. »
Multiplication des rues de la mosquée… avec les mosquées
Les mairies d’Acoua et de Mtsamboro au nord ont aussi franchi le pas, et Chirongui et Bandrélé au sud, « un budget de 10.000 à 20.000 euros pour une petite commune, plus élevé pour les autres. » Mais rentabilisé car la marge de progression en s’adjoignant les services de La Poste, est énorme, « et des feuilles d’impôts qui arrivent à destination, ce sont des recettes en plus pour elles. »
C’est la commune de Pamandzi qui est la plus avancée, et ils sont nombreux les services communaux à tenter d’y arriver par eux-mêmes, « avec le risque de doublons. Nous retrouvons par exemple dans deux quartiers d’un même village, deux rues de la Mosquée, très fréquent ici. » La chance du territoire est la proximité entre les habitants, sur le mode, « je connais le facteur, il était à l’école avec moi ! »
« 80% des courriers devraient être retournés à l’expéditeur »
Un adressage est bouclé lorsque la rue est nommée, les habitations numérotées, « et surtout, que le particulier est personnellement averti de sa nouvelle adresse. » Le tout est ensuite communiqué aux organismes sociaux, aux opérateurs EDM ou Sogea, aux banques, « beaucoup de cartes bleues n’arrivent pas à destination », signale Christian Montès qui aimerait que le travail de ses services ne soit pas systématiquement critiqué, « si nous appliquions les normes de métropole, 80% des courriers devraient être retournés à l’expéditeur. Mais nous avons une responsabilité sociale et économique. »
Il propose même, moyennant finances, de fournir les pancartes de rue, « avec un nom voté en conseil municipal », et vont tenter de négocier une diminution des taux d’octroi de mer sur l’importation de boites aux lettres.
Christian Montès envisage d’atteindre les 50% d’adressage correct « d’ici la fin de l’année. Et nous gardons espoir d’atteindre un jour les 100% »
Le cadastre pas optimisé
Car la somme d’habitations illégales qui continuent à se monter ça et là chaque jour, n’est pas vraiment un problème pour lui : « Nous ne pouvons effectuer d’adressage au sein de ces quartiers. Les services sociaux doivent nommer un responsable de quartier qui diffusera le courrier. De même que sur les voies privées, nous ne sommes pas censé distribuer. Aux Hauts Vallons, théoriquement, les boites aux lettres devraient être regroupées au niveau de Jumbo. Il n’y a pas de dénomination des rues là-bas car la mairie ne gère pas ces voies. »
Pour ces villages de cases en tôle, il envisage de faire venir des batteries Sidex de boites aux lettres qui seraient ainsi regroupées au même endroit.
Quant à la problématique des impôts fonciers, il appelle à éviter la confusion : « Même si l’adressage est incomplet, le cadastre, même dans l’état actuel, doit permettre aux services fiscaux de cibler les propriétaires. Les vues par satellites permettent de visualiser les cases qui s’y trouvent, pour déterminer le nombre de locataires implantés sur les terrains. L’adressage ne fera qu’améliorer l’acheminement du courrier.
Christian Montès se projette : « J’aurais laissé une pierre à l’édifice si l’adressage est en voie de normalisation, et que l’on puisse un jour géo localiser les adresse, et doter les conducteurs de GPS. Ça rendra service aux infirmières ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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