Ils avaient fait plus que descendre dans la rue en avril, puisque routes et ronds points avaient été bloqués, occasionnant des incidents en marge de leur mouvement. Chaque mouvement social est ici, comme en métropole, prétexte à débordements, avec un facteur aggravant : des jeunes désœuvrées qui y voient un mode d’expression. Le plus violent fut la casse de prés d’une centaine de véhicules à Doujani, avec jets de pierres contre des habitations, trois nuits de suite.
Une rencontre au ministère de l’Education nationale avait suspendu leur mouvement, et des engagements pris: “Le gouvernement a acté le principe de la reconstitution de carrières pour les années antérieures à 2009 et reprendra les discussions avec les organisations syndicales en mai 2016. Une réunion sur les prestations sociales aura lieu d’ici le mois de juin 2016 pour faire une étude comparée des situations au regard du droit de la sécurité sociale afin d’établir un calendrier de rattrapage.” Une clause de revoyure portant sur la révision du taux d’indexation des salaires avait été décidée, avec une rencontre au 1er trimestre 2017.
Un affront
Une nouvelle rencontre s’est tenue au ministère de l’Education nationale le 1er septembre dernier. L’unique point abordé portait sur la prise en compte de l’ancienneté générale de service des anciens instituteurs de la collectivité départementale de Mayotte (CDM) qui ont été intégrés dans la fonction publique de l’Etat. “C’est la première fois que le dossier allait être aussi sérieusement traité”, leur a indiqué le Directeur de Cabinet Adjoint de la ministre. Encourageant, mais un affront aussi pour les syndicalistes étant donné les nombreuses discussions déjà engagées sur le sujet.
Jérôme Teillard leur a néanmoins indiqué que les instituteurs avaient bénéficié d’une procédure d’intégration plus favorable que celle des autres anciens agents de la CDM. Ce que le SNUipp conteste. “Le ministère de l’Éducation nationale doit confirmer ses intentions en précisant les conditions ainsi que les modalités qu’il entend mettre en place pour reprendre en compte l’ancienneté de ces agents”, demandent-ils aujourd’hui dans un communiqué.
Sous-investissement chronique dans l’Education
Ils justifient donc le dépôt d’un préavis de grève reconductible pour le 13 septembre : “Force est de constater que près de 5 mois après la suspension du mouvement d’avril, le gouvernement n’a toujours pas pris la mesure de la situation de Mayotte. Le sous investissement chronique gangrène le système éducatif à Mayotte, 4000 euros par élève au lieu de 8000 en métropole et des constructions d’établissement qui ne suivent pas le rythme de la poussée démographique.” Un déficit en salle de classe qui occasionne des tensions, comme le filtrage des enfants à l’entrée des écoles.
L’intersyndicale dénonce aussi l’absence de mesure sérieuse pour contrer la crise du recrutement, malgré la mise en place d’une prime de 5 mois pour les contractuels arrivant sur le département, “un bricolage du Vice-Rectorat” qui ” crée une nouvelle catégorie de contractuels sans aucune garantie pour pérenniser leur présence.”
Sur cette attractivité, “le gouvernement n’a pas non plus donné de précisions sur l’application de nos revendications, qu’il connaît et qu’il avait 4 mois pour satisfaire. Il doit le faire très vite.” Les syndicats demandent aussi un dégrèvement fiscal sur les Indemnités d’éloignement, la mise en place de l’accélération de carrière pour les agents affectés à Mayotte, et l’assouplissement des conditions d’attribution de l’indemnité de déménagement.
“Pour toutes ces raisons, le mouvement suspendu en avril dernier reprendra le mardi 13 septembre prochain.”
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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