L’analyse du député Ibrahim Aboubacar devant la presse ce lundi rejoint l’article que le JDM avait consacré à ce sujet : le problème vient plus de la collecte de données, que de l’INSEE, l’Institut national des statistiques et des études économiques.
« Les bases statistiques dans l’ensemble des Outre-mer ne sont pas fiables », attaque le parlementaire. Et cela pose un problème notamment dans le suivi de la Loi Egalité réelle. Comment évaluer les avancées, quand à Saint-Martin, dont le dernier PIB remonte à 1995, ou en Polynésie, l’état des lieux actuel n’est pas évalué ?, comme l’explique le député.
Le gouvernement a donc rajouté un dispositif relatif aux statistiques et à la collecte des données dans l’article 52 (nouveau) du projet de loi Egalité réelle, « et il s’est engagé à produire un rapport sur ce sujet. »
Ce n’est donc pas l’INSEE qui poserait problème : « Toutes les administrations doivent pouvoir collecter les données, ce qui ne se fait pas encore. » Ainsi, à Mayotte, seuls le vice-rectorat et le commissariat possèdent leurs propres services statistiques et peuvent faire remonter les données à l’INSEE. « De plus, il faudrait un seul type de logiciel identique à tous les Outre-mer s’il on veut faire un comparatif efficace. »
Pas d’enregistrement des décès
En dehors de ce problème de collecte, se greffent des problématiques spécifiques aux territoires, comme le nombre de décès à Mayotte : « On enregistre correctement les naissances, mais lorsqu’un membre de la famille décède, on l’enterre aussitôt sans le déclarer. Comment peut-on ensuite calculer un taux d’espérance de vie ?! »
Nous ne sommes décidément pas bons sur les fins de vie puisque les fermetures d’entreprises ne sont pas mieux enregistrées, « ainsi que les mutations… Normal, 90% des entreprises ultramarines ne déposent pas leurs comptes ! », rapporte le député Mahorais, responsable de l’ensemble des députés PS en séance pour ce projet de loi.
Le député Martiniquais Serge Letchimy demande une réactualisation bisannuelle des données des richesses des territoires.
Le rapport gouvernemental qui pointera les déficiences en matière de collecte de données devrait sortir prochainement, « dans les 6 mois qui viennent », assure Ibrahim Aboubacar.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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