Le thème retenu cette année pour les Journées de l’Enfance est un des défis majeurs de Mayotte : l’accompagnement des parents dans la fonction parentale. Et les stands qui avaient investi l’école élémentaire de Kavani à Bandrélé, étaient à la hauteur du défi, centrés sur un duo parents-enfants.
Apprentissage au tissage à l’ancienne avec des feuilles de coco pour commencer, informations sur les accidents domestiques ensuite, et beaucoup de jeux, de la plus petite enfance aux ados : « Le jeu permet la construction de l’enfant, c’est par la répétition qu’il apprend et peut ensuite s’épanouir. Nos parents nous chantaient des wazazas, des comptines pour nous endormir, du même type que ‘Fais dodo, Colin mon p’tit frère’, ce que ne font plus les jeunes parents ici », explique Massiala Moinécha, Educatrice pour jeunes enfants. « Le jeu, c’est le travail de l’enfant », citera plus tard Issa Issa Abdou.
On ne vole pas l’autorité des parents
C’est par des courts métrages, diffusés par l’association Céméa (Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active), que les parents vont pouvoir récupérer des repères. Une scène filme la fin d’un repas familial, mais l’enfant de la maison refuse de débarrasser, ses parents le font à sa place. Une autre met en scène un petit garçon qui demande des pièces dans la rue pour acheter des bonbons, puis à son oncle, devant sa mère. Là, la maman intervient, et refuse cette obole : « Le jour où plus personne ne lui donnera, il va faire quoi ? Voler ?! »
Zaïnaba Ahmed Haroussi, animatrice Céméa, donne sa perception : « Ces films changent les mentalités. Nous ne sommes plus dans ‘les enfants du juge’ qui sous-entend qu’on vole leur autorité aux parents, mais plutôt dans la manière dont ils doivent l’exercer sans avoir recours à des coups de bâtons ou autres châtiments corporels. » Les Céméa diffusent ces films depuis 2009, « un gros travail a été fait notamment au collège de Kawéni et à la maternelle de Tsoundzou 1, avec les parents, par groupe de 30 à 35. Et les effets sont perceptibles, surtout sur des enfants qui arrivaient sales, souffraient d’un manque d’hygiène, ou dormaient en classe. »
Se soucier de son enfant
Ils travaillent aussi sur la surveillance de l’emploi du temps des enfants, « ça commence par l’accompagner à l’école, et ensuite, savoir en permanence où il est. » Le travail est mené sur 3 semaines avec le même groupe, « entretemps, ils doivent mettre en pratique. » Les mairies les sollicitent, « et même les écoles coraniques, comme à Chiconi ou Majicavo Lamir. »
Un peu plus loin, la Protection Maternelle Infantile (PMI) diffuse l’information sur plusieurs stands. Des documents sont remis à ceux qui souhaitent devenir famille d’accueil, les actes de bientraitance sont rappelés, « Soigner, Amour, Respect, Nourrir ou Eduquer. »
A l’étage au-dessus, les pères n’ont pas forcément le beau rôle… Il doivent réinvestir la famille, comme le prouve dès l’entrée un papa qui donne le biberon à sa fille : « Nous avons perdu notre triangle famille-école coranique-école républicaine, et donc notre sérénité pour élever nos enfants », répondait-il à une maman qui s’inquiétait de devoir partir menottée à Majicavo pour un châtiment corporel. Une école coranique qui participait pour beaucoup dans l’éducation des enfants, champ que les parents doivent (ré)investir.
Des problématiques dans lesquelles « le département entend s’impliquer pleinement », affirmait Issa Issa Abdou.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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