« Nous n’avons pas tous les droits d’exploitation commerciale de l’Airbus A320 sur les deux dessertes françaises », confirme la direction de la compagnie, qui peut déjà mettre en place les liaisons vers Maurice, Madagascar et Dar-Es-Salam (Tanzanie) depuis Moroni (Grande Comore).
A Mayotte, où la colline de Pamandzi impose des critères de sécurité spécifiques, le test de « touch and go » n’avait pas été effectué lorsque l’A320 s’est posé sur la piste dimanche avec la délégation et la presse mahoraises. « C’est chose faite, nous avons le dossier complet avec le training d’atterrissage et de décollage de la piste de Pamandzi depuis ce lundi matin par les deux équipages de l’avion », (photo cockpit) a ensuite indiqué Inzoudine Seffoudine, le directeur général d’Int’Air Iles, sur le plateau de Mayotte 1ère dès lundi soir.
Il n’attend plus que l’approbation du programme déposé par la DGAC (Direction générale de l’Aviation Civile) française. Une direction pointée du doigt à de multiples reprises, déjà accusée de frilosité en matière d’allongement de la piste à Mayotte, lors du débat public.
« Un voyage de complaisance »
Ce fut aussi Théophane Narayanin, directeur d’IBS, qui s’était interrogé en juin dernier pour ipreunion.com, sur la présence de Laurent Montocchio, le Directeur de la sécurité de l’aviation civile océan indien, à bord du vol inaugural d’Air Austral vers Seattle en mai dernier, pour prendre livraison des Dreamliner : “Voyager à l’œil dans une compagnie privée, au regard de ses fonctions et de ses responsabilités, pour moi, c’est de la corruption !” Il évoque un « voyage de complaisance », qui aurait dû « être pris en charge par le ministère des transports, dont il dépend ». Le chef d’entreprise avait envisagé de déposer plainte contre Air Austral dont il est actionnaire.
Les deux hommes se connaissent bien, si l’on en croit Jacques Tillier, directeur général du quotidien réunionnais le JIR, puisqu’ils auraient été retenus ensemble pour la construction de l’aéroport de Mayotte, avant de se séparer, laissant échoir le marché à la SNC Lavallin.
Une opération sur laquelle revient Jacques Tillier dans son édito du 26 novembre qui s’interroge non sans sarcasmes, sur « les rumeurs d’un pot de vin, entre 500 000 euros et 1 million d’euros, qui aurait été distribué ».
Les Mahorais privés d’A320 ?
Les billets promo d’Int’Air Iles à 200 euros aller-retour sur toutes les destinations, ont presque tous été vendus ce mardi dans l’ensemble des agences de l’archipel, apprend-on.
S’il s’avérait que la compagnie comorienne Int’Air Iles n’obtenait pas les droits d’exploitation commerciale pour son Airbus à Mayotte et Saint-Pierre, la solution de transporter les passagers Mahorais en Cessna jusqu’à Moroni reste envisagée.
Mais c’est aussi une histoire de quota qui s’invite au débat. Avant l’arrivée de la compagnie Ewa, les opérateurs régionaux travaillaient en volume équivalent de passagers, sur les destinations de la zone. Depuis, la DGAC avait levé cette contrainte, laissant le champ libre au développement d’Ewa, et donc d’Air Austral. Il serait maintenant question, avec l’arrivée du nouveau Airbus, de contingenter à nouveau les volumes. Il entre en effet en pleine concurrence avec Ewa, dont les capitaux sont pour moitié, mahorais.
En cas d’obstruction, il ne faut pas négliger par ailleurs la pression que pourrait exercer l’Union des Comores sur les droits des trafics commerciaux accordés sur Moroni et Anjouan, pour la compagnie française Air Austral et sa filiale Ewa.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.