27.9 C
Dzaoudzi
jeudi 2 mai 2024
AccueilFaits diversAu cœur d’une opération de police à Tanafou

Au cœur d’une opération de police à Tanafou

Sur les hauteurs de Passamainty, Tanafou zone sensible
Sur les hauteurs de Passamainty, Tanafou zone sensible

Vendredi matin, 9 heures, plusieurs voitures de la police et de la PAF grimpent la colline menant au quartier de Tanafou. Situé sur les hauteurs de Passamainty, la zone croule sous les bangas clandestins. Ce n’est que l’un des nombreux «bidonvilles» qui fleurissent dans la périphérie de Mamoudzou, mais depuis quelques mois, celui-ci est devenu un endroit sensible: il sert de cachette à un certain nombre de délinquants, dont les fameux «coupeurs de route». Cette opération coordonnée entre la sécurité publique et la PAF a donc pour but de «nettoyer» la zone.

Cela fait déjà plusieurs mois que le quartier SIM de Tanafou est la cible d’actes de délinquance graves: cambriolages, vols à l’arrachée, vols de véhicules et agressions à l’arme blanche y sont monnaie courante. Tanafou est devenue une zone de non-droit. Le quartier SIM a d’ailleurs été déserté par ses habitants. Seules 4 familles y résident encore dont 2 projettent de partir dès que possible. Plus difficile pour les deux autres, placées en logements sociaux.

Neuf clandestins ont été arrêtés au cours de cette opération. La PAF a ensuite intercepté 8 personnes supplémentaires
Neuf clandestins ont été arrêtés au cours de cette opération. La PAF a ensuite intercepté 8 personnes supplémentaires

Le chaos a commencé à sévir dans la zone il y a quelques mois, lorsque la préfecture a décidé de faire raser une grande partie du bidonville de Tanafou. Des bandes de jeunes en colère se sont alors révoltés contre cet acte et ont incendié une pelleteuse. Les bangas ont quand même été rasés, mais les bandes de jeunes délinquants ont trouvé refuge dans la brousse et ont continué à perpétrer leurs forfaits, galvanisés par une haine de plus en plus vivace des autorités.

Le repère des coupeurs de route

Ces bandes opèrent dans un secteur qui s’étend de Tanafou jusqu’à la Kwalé. C’est parmi eux que se trouvent les fameux coupeurs de route qui ont terrorisé la population avant les vacances d’été. Si certains ont été arrêtés, d’autres courent toujours et ont recommencé à attaquer les usagers de la route nationale de Vahibé au début du mois de décembre dernier.

La PAF effectue 4 opérations par mois de contrôle d’identité dans les zones sensibles avec la police et 4 autres avec la gendarmerie. Délinquance et clandestinité sont deux aspects malheureusement parfois liés. Si les immigrés sans papiers ne peuvent pas travailler légalement sur le territoire français, certains ont recours à du travail au noir, d’autres encore à des actes de délinquance pour assurer leur subsistance. D’où la collaboration de la PAF dans ces opérations de sécurité publique.

La carcasse incendiée de la pelleteuse qui a servi à raser les bidonvilles de Tanafou l'année dernière est toujours présente sur place
La carcasse incendiée de la pelleteuse qui a servi à raser les bidonvilles de Tanafou l’année dernière est toujours présente sur place

Dès l’arrivée de la police sur les hauteurs de Passamainty, un attroupement se forme du côté du bidonville et plusieurs personnes s’enfuient dans la brousse aux cris d’alerte: «Moro! Moro!» («Au feu! Au feu!»), la façon habituelle de prévenir de l’arrivée des forces de sécurité. Une voiture de la PAF se lance alors à leur poursuite en faisant le tour par la route nationale. En vain. Les individus ont le temps de disparaître dans la nature. Cela ne décourage pas les agents, qui se dirigent d’un pas ferme vers le bidonville afin d’y effectuer les contrôles nécessaires.

Un quota de 17 clandestins par opération

Si un certains nombre de personnes contrôlées étaient en règle, certains clandestins ont néanmoins été repérés et poursuivis par les agents de la PAF. Neuf d’entre eux ont ainsi été interpelés et arrêtés. Les fonctionnaires de la PAF, plus discrets dans leurs tenues civiles que ceux de la sécurité publique, ont ensuite continué seuls leur traque des clandestins du côté du marché de Kwalé. Nous comprenons que leur hiérarchie exige en effet un quota de 17 arrestations de personnes en situation irrégulière par opération menée.

L'arrestation de plusieurs clandestins qui ont tenté de fuir lors de l'opération
L’arrestation de plusieurs clandestins qui ont tenté de fuir lors de l’opération

Lorsque la PAF agit seule, elle est souvent plus efficace, car les policiers en uniforme se font très rapidement remarquer. Néanmoins, ces opérations coordonnées ont également pour but de rassurer la population. Il s’agit pour les autorités de lui montrer que la police et la gendarmerie sont bel et bien sur le terrain pour maintenir l’ordre. Les agents de terrain sont d’ailleurs en lien constant, par radio ou téléphone portable, avec des agents du commissariat. Ceux-ci sont chargés de regarder dans les dossiers si les personnes arrêtées sont recherchées pour des actes de délinquance. De même, si un scooter est repéré au sein du bidonville, la police vérifie automatiquement s’il n’a pas été signalé voler.

Des opérations récurrentes à Tanafou

L’opération s’acheve aux alentours de midi, après environ 3h de course à travers le bidonville de Tanafou et la brousse qui l’entoure. Après les 9 interpellations, les policiers doivent maintenant réaliser des vérifications sur le parcours de ces clandestins.

Si les individus les plus dangereux de la zone font probablement partie de ceux qui ont pris la clé des champs dès l’arrivée des voitures de polices, il n’en reste pas moins que les autorités leur laissent de moins en moins de répit. Des opérations de ce genre toujours plus nombreuses seront en effet menées dans le secteur, jusqu’à un certain retour au calme, promettent les autorités. De quoi refroidir peut-être un peu les ardeurs des délinquants et rassurer une partie de la population, terrorisée depuis plusieurs mois.

Nora Godeau
www.jdm2021.alter6.com

La carcasse d'une voiture incendiée récemment dans la zone
La carcasse d’une voiture incendiée récemment dans la zone

Tanafou: Il ne reste de que 4 familles à vivre encore dans le lotissement SIM après les départs massifs liés à l'explosion de la délinquance
Tanafou: Il ne reste que 4 familles à vivre encore dans le lotissement SIM après les départs massifs liés à l’explosion de la délinquance

1 COMMENTAIRE

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139114
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139114
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139114
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139114
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139114
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139114
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...