Vendredi dernier à midi et demi, comme chaque semaine, une poignée d’étudiants et d’amateurs de ces poses culturelles méridionales, assistaient à la dernière conférence de l’année sur la relation d l’Homme à l’environnement à Mayotte.
Le Pôle culturel a été implanté au moment où la « Convention Université lieu de culture » s’est mise en place en France. A l’initiative d’Aurélia Carré, alors DGS du CUFR, qui a rapidement trouvé son référent, « j’avais déjà organisé un séjour culturel avec les étudiants en 2014 », explique au JDM Jean-Louis Rose qui en prendra la direction, facilité par une décharge de 50% d’enseignement de sa matière de Lettres modernes.
Sa première action fut de tisser des liens avec l’existant culturel, c’est à dire l’association Hippopotamus, et les institutions comme la Direction des Affaires culturelles (DAC) de l’Etat et le vice-rectorat. Puis, de proposer un agenda d’activités culturelles, tout en pérennisant ses sorties annuelles culturelles parisiennes avec ses étudiants.
On sent que Jean-Louis Rose est comme un poisson dans l’eau dans ce foisonnement des possibles culturels, surtout quand cette année, un Jean-Luc Raharimanana a offert à l’amphithéâtre une conférence « Sous la langue française l’île », « mon meilleur souvenir ! il a su dire l’identité là où elle craque sans vexer personne. »
S’engager pour son île
Les sorties dans les hauts lieux culturels parisiens où se rend chaque année une quinzaine d’étudiants, se sont étoffées pour cibler aussi les rencontres avec d’autres étudiants Mahorais dans la capitale, « surtout ceux qui sont en réussite et qui peuvent les briffer sur les difficultés à surmonter. »
Trois objectifs sont au programme du voyage de novembre 2017, toujours financé essentiellement par le CUFR et la DAC. « Sur le plan culturel, nous visiterons la Comédie Française et le théâtre de l’Odéon, et assisterons au ballet de Pina Bausch et à l’opéra Falstaff de Verdi. Mais nous proposerons aussi une confrontation aux Arts par la pratique, avec des rencontres avec des metteurs en scène et autres professionnels. Enfin, dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté, nous proposerons des débats à l’Assemblée nationale et au Sénat au tour de la signification de l’engagement pour son île. »
Le projet phare est l’école nomade que nous avions évoquée, avec l’arrivée de la Compagnie du Soleil d’Ariane Mnouchkine
qui permettra de professionnaliser la formation au théâtre. Un projet copiloté par le CUFR, la DAC, la compagnie Ariart, et le théâtre du Soleil, et qui verrait le jour en 2018-2019.
Collaboration avec l’Université Paris 8
Les conférences culturelles du vendredi, il y en a eu 30 cette année, vont reprendre à la prochaine rentrée d’août, avec en réflexion les solutions pour attirer davantage de monde, surtout lorsqu’elles sont proposées par d’illustres invités, comme le professeur Fulchiron, « nous mettons désormais les conférences en ligne sur la chaîne Youtube du CUFR. »
Le 2ème gros dossier est mené en collaboration avec l’Université Paris 8, et Christine Coulange, directrice artistique du groupe marseillais Sisygambis. « Nous travaillons avec la chaire ITEN de l’UNESCO, le labo Créatic, fer de lance de l’innovation numérique. » Techniquement, il s’agit de trouver les moyens de mettre l’outil numérique au service de l’Homme, « et promouvoir la culture auprès des populations qui en sont éloignées. »
Concrètement, cela va se traduire par l’élaboration d’un audioguide expliquant l’Histoire du Rocher de Dzaoudzi en shimaoré et en kibushi téléchargeable sur son Smartphone : « En se promenant à Mayotte, au Rocher pour commencer, puis aux usines sucrières, les informations s’afficheront sur votre téléphone dans la langue choisie. » Ce sont les étudiants qui travailleront sur la traduction.
Un module Art et culture sera intégré au Master Métiers de l’Education, « et nous mettrons en place un parcours artistique que les étudiants devront valider et qui les fera passer par Milatsika, la DAC, etc. »
Enfin, une résidence d’écrivains sera proposée avec Jean-Luc Raharimana et Yan Marquis en septembre, et l’atelier Hip Hop sera pérennisé.
Dembéni est en train de devenir un pôle culturel, il ne manquera que la facilitation de la desserte par une rocade trop souvent encombrée.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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