« Nous avons été sidérés quand on a entendu de la bouche de la conseillère de la ministre que Mayotte était leur priorité actuelle ! Serait-on enfin entendus ?! », s’écrie pleine d’espoir Rafza Youssouf Ali, représentante de l’intersyndicale.
Reçus vendredi matin avec ses collègues par la conseillère de la ministre des Solidarités et de la Santé, elle aura pu étaler la longue liste de revendications qui leur vaut d’avoir déposé un préavis de grève ce lundi 2 octobre. « Nous pointons du doigt une gratuité des soins qui s’est installée petit à petit, et qui impose maintenant plusieurs heures d’attente aux urgences pour se faire soigner. »
Equipements et avantages
Faute de solution immédiate, l’intersyndicale demande une prime de surcharge de travail, une indexation à 57% comme à La Réunion, une prise en charge de leur ancienneté à 100%, une égalité de traitement avec le Groupement Hospitalier de territoire (GHT), l’affiliation à la retraite de l’Ircantec et à la complémentaire retraite CGOS, le renfort des effectifs au CHM « dans le cadre des mesures actées par le ministère en mai 2016 où 114 postes avaient été prévus, ont commencé à être recrutés, nous dit-on, mais ils ne représentent qu’un tiers des besoins ! »
Au niveau des infrastructures, déficientes à Mayotte, les agents demandent la construction d’un Centre hospitalier Universitaire (CHU), et celle d’un nouveau bloc opératoire, promis depuis des années, et une maternité aux normes.
Leur interlocutrice « très à l’écoute de nos attentes », leur a indiqué avoir déjà relayé les engagements, et a assuré de la tenue régulière d’un comité de pilotage de ces demandes.
D’ici la fin de l’année
De son côté, Mansour Kamardine résume les axes de sa réponse écrite* à la ministre : « Quelles mesures l’État entend prendre d’ici la fin de l’année pour enclencher un rattrapage crédible de l’offre de soins ambulatoires et hospitaliers à Mayotte ? Selon quel calendrier ? Quelles modalités administratives locales et nationales, l’Etat compte-t-il mettre en œuvre pour examiner la possibilité de création d’une ARS à Mayotte dans les meilleurs délais ? »
Il précise qu’il ne reste qu’un délai de 2 semaines à la Ministre pour lui répondre, ayant déposé sa question le 15 août.
L’intersyndicale de son côté se réjouit que leur demande de rencontre avec la ministre ait été acceptée pour ce lundi « ce n’était pas prévu », à raison d’un représentant par syndicat. « Nous devrions avoir des réponses à l’issue », espère-t-elle. Le mouvement de grève pourrait être reconduit en fonction.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* Question n° 739 : déposée au Journal Officiel du 15/08/17
Sécurité des biens et des personnes
Alerte sur la santé à Mayotte – Demande ARS spécifique – Calendrier rattrapage
M. Mansour Kamardine interroge Mme la ministre des solidarités et de la santé sur l’accès aux soins et l’administration de la santé à Mayotte. Avec plus de trois fois moins de médecins par habitant que la moyenne nationale, vingt-cinq fois moins pour ce qui concerne les médecins libéraux, avec un seul centre hospitalier pour deux cent trente mille habitant, avec plus de quatre fois moins de spécialités médicales et chirurgicales que la moyenne en métropole, avec seulement cinq médecins spécialistes hors gynécologues obstétriciens pour l’ensemble du département, avec plus de quatre fois moins de pharmacies par habitant que la moyenne nationale, Mayotte est le plus grand désert médical de France. Les statistiques de l’Agence régionale de santé de l’Océan Indien (ARS OI) sont sans appel : les ruptures de parcours de soins sont multiples, les structures sont surchargées dans des proportions inégalées et les personnels de santé sont en sous effectifs notables et en sur-mobilisation établie, dans tous les domaines. S’ajoute à cette situation la croissance démographique la plus forte de France et l’absence de couverture santé pour plus de quarante pour cent de la population résidant à Mayotte. En effet, plus de la moitié des habitants sont de nationalité étrangère dont quatre-vingt pour cent en infraction avec la législation sur le droit de séjour. Enfin, l’ARS OI est basée à la Réunion et doit assurer le suivi sur cette seule île de cinq hôpitaux dont un CHU, ce qui limite la prise en compte des spécificités de la situation et des besoins en matière de santé de Mayotte. Pourtant, ses spécificités, tant en termes de besoins, de parcours, de structures, d’administration, de démographie, d’éloignement et de situation en matière de couverture maladie nécessitent une prise en compte, une stratégie et des moyens adaptés. Aussi, il lui demande quelles mesures l’État entend prendre d’ici la fin de l’année pour enclencher un rattrapage crédible de l’offre de soins ambulatoires et hospitaliers à Mayotte. Il lui demande également selon quel calendrier et quelles modalités administratives locales et nationales, elle compte mettre en œuvre pour examiner la possibilité de création d’une ARS à Mayotte dans les meilleurs délais
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