Lors de sa première journée de visite à Mayotte, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a été claire, contrairement à la Réunion, elle n’est pas venue avec un chéquier pré-rempli. Consciente -non sans humour- que l’expression est assez connotée ces jours-ci à Mayotte, la ministre s’est même refusée à “parler de feuille de route”.
Sa principale promesse, c’est celle de la bonne volonté. “J’ai été alertée sur les difficultés, en tant que ministre, je suis en responsabilité, a-t-elle expliqué juste avant de visiter les urgences de Mamoudzou. Chaque outre-mer a ses spécificités, je souhaite apporter des solutions appropriées. C’est la raison pour laquelle, avant de rédiger cette stratégie nationale de santé, il était important pour moi de voir, de m’imprégner d’un des territoires les plus en difficulté. Je ne suis pas venue faire des annonces, mais la promesse que Mayotte est dans la tête et que je prendrai mes décisions en connaissance de cause. Pas déshumanisée, pas de Paris. Vous me verrez dans l’action”.
Quelques heures plus tôt, Madi Anli Rigotard exprimait au nom de l’intersyndicale du CHM son souhait que la ministre fasse “des propositions meilleures que des propositions d’urgence”. Moyens pour recruter, rénover les infrastructures, réhabilitation des centres de consultation périphériques, ouverture de salles d’opération, formation, les attentes exprimées par les grévistes étaient aussi vastes, que la réponse de la ministre a été évasive.
La directrice du CHM Catherine Barbezieux a elle aussi exprimé son désarroi. “On ne peut dans la situation actuelle que creuser les déficits. Concernant les salles de bloc, on ne peut faire face qu’à l’urgence. Il n’y a presque plus de chirurgie programmée. Nous sommes aussi en difficulté pour programmer nos évacuations sanitaires. Nous avons épuisé beaucoup de solutions. Sans adaptation capacitaire, nous aurons beaucoup de difficultés à faire face à la demande de la population”. De son côté, Bacar Ali Boto, représentant la ville de Mamoudzou a présenté l’immigration clandestine comme “seul vrai problème, sans la résolution de ce problème, tous les efforts menés par l’Etat n’ont aucun sens.”
Concernant sa visite du centre de Dzmoumonié, l’intersyndicale a dénoncé “un choix délibéré de vous montrer ce qui est le mieux ici, mais le reste de nos structures ne répondent plus à rien”
Plusieurs praticiens ont ensuite pris la parole pour signifier à la ministre la difficulté de travailler au vu du manque de spécialistes. Pas de cardiologue par exemple à Mayotte.
“Il y a aussi des hôpitaux en métropole qui ne prennent pas en charge toutes les pathologies” a commenté Agnès Buzyn en quittant le CHM.
En soi, c’est exact. Mais aucun hôpital en métropole ne se situe à deux heures de vol du centre hospitalier équipé le plus proche.
Y.D.
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