“L’économie sociale et solidaire, ce n’est pas une économie des pauvres. C’est une manière d’entreprendre autrement, en faisant des bénéfices dans l’intérêt des salariés, du développement du territoire, et de l’entreprise” assure Nabil Mrad directeur d’Energies Alternatives*. Bien implantée à la Réunion, cette entreprise est installée à Mayotte depuis mars 2017. Son but est de promouvoir l’entreprenariat coopératif en formant les porteurs de projet.
“Le Mahorais a l’esprit d’un commerçant, mais pas d’un entrepreneur, généralise le responsable. Pour entreprendre, il faut trois ingrédients : du savoir-faire, savoir gérer et savoir vendre. Notre but c’est de former les candidats à l’étude des coûts, valoriser leur travail, calculer leurs marges.” Le but ultime étant que les entrepreneurs se montent ensuite en coopérative. “Le système coopératif peut, dans tous les secteurs, être intéressant pour le développement territorial. A Mayotte, il a sa place. Il pourrait se développer, et révéler des niches économiques”.
C’est le constat qu’a fait Nabil Mrad en lançant sa société. “On a eu l’idée de cette coopérative d’activités et d’emplois, afin de mutualiser les éléments importants pour développer son activité économique”. En résumé, l’entreprise coopérative Energies Alternatives met en commun les ressources nécessaires au lancement d’une entreprise, comme la comptabilité, qui économise aux partenaires les services d’un cabinet d’expert.
Autre avantage, celui de mêler le statut d’entrepreneur avec celui de salarié. Un mix “compatible avec le droit du travail actuel à Mayotte, on a vérifié” rassure l’entrepreneur. Ce statut garantit certains droits, comme le chômage, tout en étant basé sur le chiffre d’affaire de l’entreprise du porteur de projet. L’idée étant de le sécuriser le temps qu’il puisse prendre son envol, et, dans l’idéal, fonder sa propre coopérative.
Restauration, activité de conseil, ou encore huile essentielle
En effet, si l’on connaît bien les coopératives agricoles, il existe 22 familles de coopératives, dont un certain nombre seraient possibles à Mayotte.
Dans le bâtiment, une coopérative permettrait par exemple de réduire les coûts liés à la garantie décennale, ce qui apporterait plus de confiance du client, et une facture moins salée pour ce dernier. “Il y a du potentiel ici pour une coopérative dans le bâtiment, c’est une niche”, poursuit M. Mrad qui assure que “le concept de coopératives a fait ses preuves, on va essayer de le promouvoir de plus en plus. Selon lui, Mayotte pourrait voir se développer des coopératives dans des domaines aussi variés que la restauration les services à la personne ou le commerce.
Il y a bien les Doukas “mais c’est un système associatif. Beaucoup d’associations à Mayotte pourraient devenir des entreprises puisqu’elles ont une vocation économique” selon le patron d’Energies Alternatives. Dans ses rangs se sont déjà engagées 20 femmes qui travaillent dans le textile et vont se monter en coopérative, et 40 femmes spécialisées dans la restauration rapide qui vont en faire de même. D’autres s’investissent dans la production d’huile essentielle, ou ont une activité de consultants. “A plusieurs on est toujours plus intelligents que tout seul” sourit ce passionné qui voit dans ces exemples la preuve “d’un vrai modèle de développement économique et social. Maintenant, c’est aussi aux politique de se saisir ce cela.”
Y.D.
- contact : Nabil MRAD : nmgroupea@gmail.com ou 06 39 64 36 30
Comments are closed.